De notre correspondante à Jérusalem,
L’ordre de détention administrative est levé par la Cour suprême, mais pour l’instant Mohammed Allan reste à l’hôpital. Son état est très sérieux. Au point qu'il a été plongé jeudi 20 août par ses médecins dans un coma artificiel. Un examen médical présenté à la Cour le mercredi a montré qu’à cause de la grève de la faim qu’il a observée pendant deux mois, il a subi des dommages au cerveau. Durant l’audience, les avocats de Mohammed Allan ont demandé sa libération immédiate, alors que les représentants de l’Etat israélien ont fait valoir que les dégâts au cerveau devaient être irrémédiables pour que cet homme ne représente plus aucun danger et soit libéré. Mohammed Allan est en effet accusé d’être affilié au Jihad islamique, une organisation considérée comme terroriste par Israël.
Qui est Mohammed Allan ?
Avocat de 31 ans, Mohammed Allan est originaire d’un village près de Naplouse, en Cisjordanie. Il soutient les prisonniers palestiniens. C’est quelque chose de très important, puisque pratiquement tous les Palestiniens ont été emprisonnés en Israël ou connaissent une personne de leur entourage qui a été en prison. Aujourd’hui, ils seraient 5 600 dans les geôles israéliennes, dont près de 400 en détention administrative. Ce système tant décrié permet d’être emprisonné sans inculpation ni procès pendant six mois renouvelables indéfiniment.
C’est précisément ce qui est arrivé à Mohammed Allan. Il a été arrêté en novembre 2014, c'est-à-dire il y a neuf mois, sans inculpation, sans jugement. C’est pourquoi il s’est mis en grève de la faim, en juin dernier, pour protester contre ce système. Officiellement, on l’a donc mis en détention sans motif. Mais selon des sources sécuritaires israéliennes, c’est parce qu’il appartiendrait au Djihad islamique.
Pourquoi la Cour suprême a-t-elle décidé de lever sa détention administrative ?
La Cour a pris cette décision en raison de l’état de santé de Mohammed Allan qui, au bout de deux mois de grève de la faim, était tombé plusieurs jours dans le coma, et le jour de l’audience, le 19 août, jour où ses avocats ont demandé sa libération, un examen médical a été apporté, montrant que Mohammed Allan avait subi des dommages au cerveau. Et dans ces conditions, il ne pouvait pas représenter de danger pour Israël. Maintenant, l’ordre de détention a été levé, Mohammed Allan reste dans un hôpital israélien où il est soigné, il a arrêté sa grève de la faim. Mais son avenir reste incertain.
Que va-t-il se passer juridiquement ? Va-t-il être jugé ou complètement libéré ?
C’est le flou. Selon ses avocats, il est libre pour le moment. Mais si son état de santé s’améliore, s’il retrouve ses facultés, l’Etat israélien peut décider de le remettre en détention administrative. Auquel cas, Mohammed Allan ferait sans doute à nouveau appel à la justice pour contrer cette décision.
En fait, la seule chose qui déciderait les autorités à libérer définitivement Mohammed Allan, c’est qu’il ne se remette pas de sa grève de la faim. Durant l’audience du 19 août, les représentants de l’Etat israéliens ont affirmé qu’ils étaient prêts à le libérer seulement si ses dommages au cerveau étaient irréversibles.