Soutien de la Grèce à la Russie: «Ce ne sont pas de bonnes manières»

Dans Appels sur l'actualité, des auditeurs s’interrogent sur l’attitude des nouvelles autorités grecques envers la Russie. Celles-ci critiquent notamment les sanctions de l'Union européenne contre ce pays et se proposent de jouer un rôle de médiateur dans le conflit. Les 28 Etats de l'UE ont en effet décidé d'étendre les sanctions ciblées visant des personnes et des entités russes et pro-russes considérées comme responsables de la crise ukrainienne - sans pour l'instant viser l’économie.

Quelles sont les relations entre le nouvel exécutif grec et la Russie ?
Le peu que l'on sache, c'est qu'Alexis Tsipras [nouveau Premier ministre, leader de Syriza, parti de la « gauche radicale » sorti vainqueur des législatives ce dimanche, ndlr] a eu l'occasion, à plusieurs reprises, de se rendre à Moscou au cours des dernières années, et qu'il y a été reçu par des proches de Vladimir Poutine, peut-être par celui-ci en personne. Autre fait avéré : le premier diplomate étranger en poste à Athènes à venir féliciter M. Tsipras après sa nomination aura été l'ambassadeur de la Fédération de Russie.

Que peut-on en conclure ?
Que les relations de Syriza avec la Russie sont pour le moins cordiales. Cela se traduit dans des prises de position, notamment le désaveu que M. Tsipras a infligé à Donald Tusk, le président du Conseil européen, ainsi qu'à Federica Mogherini, qui incarne l'embryon de diplomatie commune européenne. A l'issue d'une réunion des 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE, lundi dernier, une déclaration a été publiée allant dans le sens d'une prolongation et d'un renforcement des sanctions contre Moscou. Le lendemain, M. Tsipras se désolidarisait publiquement et véhémentement de ce texte, alors qu'Athènes avait été consultée et n'avait rien trouvé à y redire. Mieux : M. Tusk avait même appelé M. Tsipras au téléphone et recueilli son assentiment. Donc, pour parler comme les diplomates : « Ce ne sont pas là de bonnes manières »... Et l'on ne cache pas, ici, que l'hypothèse d'une « médiation » grecque entre l'UE et Poutine est tout bonnement risible.

Quelles pourraient en être les conséquences sur les relations de la Grèce avec l'Union européenne ?
La première conséquence, c'est que cela induit un point de friction supplémentaire qui ne fera rien pour apporter de la confiance dans la négociation financière de la Grèce avec ses partenaires. La deuxième, c'est que, face à la dégradation tragique de la situation humanitaire dans l'est de l'Ukraine, et face au droit international bafoué par le Kremlin, l'unité de la position européenne est ouvertement sapée. Or, ce front uni avait été bâti patiemment, en parvenant à convaincre les trois pays réticents dès qu'il est question de sanctions, les trois pays qu'on appelle ironiquement ici l'Autriche-Hongrie, à savoir en effet l'Autriche, la Hongrie, et la Slovaquie. Mais surtout, on s'aperçoit ces jours-ci dans les milieux européens et dans les différentes capitales qu'à trop vouloir se présenter en messie d'une nouvelle pensée politique paneuropéenne, M. Tsipras est en train de s'aliéner une partie de la sympathie dont il jouissait jusqu'ici. 

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