L'annonce a fait l'effet d'une bombe, dans la nuit du 4 au 5 février. La BCE va suspendre le régime de faveur dont bénéficiaient les banques grecques. Jusqu’à présent, en contrepartie des engagements pris par Athènes et des contrôles exercés sur les réformes imposées par la troïka (BCE, Commission européenne et Fonds monétaire international), les banques hellènes pouvaient emprunter de l’argent auprès de l’institution monétaire avec des garanties inférieures à celles exigées habituellement. En clair, depuis plus de 2 ans, la BCE fournissait des liquidités aux banques grecques en échange d'obligations d'Etat même si elles étaient jugées « pourries », terme employé par les agences de notations.
En supprimant cette possibilité, l'institution monétaire accentue la pression sur Athènes, même si elle n'a fait finalement qu'appliquer le règlement. Car ce système de faveur était accordé à titre exceptionnel, à condition que la Grèce suive le programme de la troïka. Or, depuis l'élection de Syriza, les Grecs l'ont dit, ils ne veulent plus de cette troïka. Dont acte : le plan d'aide est suspendu.
La BCE aurait pu attendre un peu que les négociations aboutissent, elle en a décidé autrement. 9%, c'est ce que perdait la bourse d'Athènes perdait ce jeudi à l'ouverture, comme le jour de l'intronisation du gouvernement Tsipras, avant de ramener quelques minutes plus tard ses pertes autour de 5%. Mais ce sont surtout les valeurs bancaires directement menacée pas la décision prise à Francfort, qui ont subi le plus gros coup de tabac : 22% de baisse pour l'indice bancaire grec. Pourtant, le gouvernement grec assure que la liquidité des banques nationales est assurée par les moyens restants.
Une décision comme un ultimatum
Mais cette décision de la BCE apparaît tout de même comme un ultimatum afin de trouver une solution sur la dette du pays. Les autorités d'Athènes assurent qu'elles n'accepteront aucun chantage, pas plus qu'elles n'en pratiqueront. En attendant une solution, le taux d'emprunt grec à 10 ans était en hausse, signe de la moindre confiance des investisseurs, alors que ceux de l'Europe du nord, comme en Allemagne, étaient en baisse et même à un niveau historiquement bas pour la France.
La Grèce a jusqu'au 25 février pour trouver un point d'entente avec la troïka, faute de quoi elle sera privée de liquidités. Ce sera alors le défaut de paiement et la Grèce sortira de facto de la zone euro. Un scénario catastrophe que n'envisagent ni les dirigeants grecs, ni les dirigeants européens.
Réunion en Allemagne
Ce jeudi, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, doit s'entretenir avec son homologue allemand Wolfgang Schäuble. C’est la première rencontre au sommet très attendue depuis les élections grecques.
En Allemagne, on a déjà signifié qu’on refusait, comme d’autres capitales européennes, toute négociation sur un effacement même partiel de la dette grecque, rappelle notre correspondant dans la capitale allemande Pascal Thibault.
Berlin insiste aussi sur sa volonté de faire respecter les engagements pris par Athènes. Hier encore, Wolfgang Schäuble déclarait qu’il y avait encore beaucoup de réformes à faire en Grèce. Angela Merkel a elle ajouté mercredi qu’il n’y avait, selon elle, aucune divergence de fond entre les Européens sur le dossier grec.
Une réponse à ceux qui peut-être pouvaient penser que la tournée européenne du Premier ministre grec, Alexis Tsipras et de son ministre des Finances, pourrait contribuer à isoler Berlin. Beaucoup d’observateurs estiment que Yanis Varoufakis repartira de la capitale allemande sans doute aujourd’hui les mains vides.