Marine Le Pen et le Front national tentent ces jours-ci de trouver dans la série d’attentats à Paris un moyen de justifier et de défendre leurs points de vue en matière de sécurité et l’immigration. Le parti d’extrême-droite a toujours eu des positions très radicales en la matière, mais ces derniers jours il n’hésite plus à faire ouvertement le lien entre immigration et islamisme radical. Marine Le Pen a ainsi déclaré vendredi : « Il faut tarir l’immigration légale et clandestine et cesser d’accepter dans la nation des gens qui n’ont rien à y faire ». Selon le FN, l’immigration engendrerait le communautarisme, qui lui-même entraînerait la radicalisation de certains…
Outre cette proposition de réduire drastiquement l’immigration, le parti propose également de réviser le code de la nationalité et de supprimer ainsi le droit du sol en vigueur en France. Il veut également déchoir de la nationalité française les jihadistes binationaux ou encore instaurer le port de l’uniforme à l’école… Autant de propositions extrêmes que le FN a toujours plus ou moins défendues. Une de ces propositions semble trouver un certain écho dans la population. Ainsi, 81 % des Français se disent favorables à la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux, résultat d’un sondage paru le week-end dernier dans le Journal du Dimanche !
Cacophonie au sein du parti
Du coup, ces attentats vont-ils profiter au Front national ? C’est ce qu’espèrent les cadres du parti. Et ce que craignent la gauche et la droite... Pourtant, les choses ne sont peut-être pas aussi simples. Une première enquête d’opinion réalisée au lendemain des attaques montre que le FN ne profite pas, pour l’instant, de ces évènements. Le pourcentage de personnes se déclarant proches du FN est le même qu’en décembre, soit 13 % des sondés. De plus, selon une enquête de l’IFOP, les citoyens qui considèrent l’islam comme une menace sont légèrement moins nombreux qu’en 2012. Pas sûr donc que Marine Le Pen profite à court terme de ces évènements.
D’autant que durant ces derniers jours, le FN n’a pas parlé d’une seule et même voix. Le parti a eu du mal à adopter une ligne claire. Marine Le Pen a ainsi déclaré ne pas vouloir faire d’amalgame entre les fondamentalistes et les autres musulmans, avant de demander « la fin de l’immigration de masse »… Aymeric Chauprade a lui estimé que la France était en « guerre contre des musulmans » ! Des propos condamnés par la présidente de la formation d’extrême-droite. Sanction quasi immédiate : Aymeric Chauprade s’est vu retiré son titre de chef la délégation du FN au Parlement européen.
Ensuite, certains membres du FN ont tenu des propos pour le moins controversés. Aymeric Chauprade, le chef de file des députés européens frontistes, a ainsi estimé que la France était en guerre contre des musulmans ! Une analyse que ne partage pas Marine Le Pen. Un fait d’autant plus étonnant qu’Aymeric Chauprade était encore il y a peu son conseiller aux affaires internationales.
Enfin, Jean-Marie Le Pen, le président d’honneur, a dit pour sa part douter de la réalité de ces attentats, évoquant à demi-mots l’hypothèse d’un complot fomenté par les services secrets français. Réplique cinglante de la présidente du FN : « les théories complotistes sont dangereuses ». Bref, le FN s’est un peu pris les pieds dans le tapis à l’occasion de ces évènements. Non convié à la grande marche républicaine, le parti d'extrême-droite a eu du mal à exister. Et à réellement faire entendre sa voix.