Quelles sont les mesures préventives mises en place contre Ebola et le coronavirus à La Mecque ?
Ebola est une très grande menace en ce moment dans le monde. Bien que nous soyons loin du foyer de l’infection, nous avons beaucoup de pèlerins qui viennent d’Afrique de l’Ouest. Une des principales mesures que nous avons mise en place a été d’interdire les visas provenant de trois pays, la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia. Et nous gardons un œil sur le Nigeria en tant que pays qui a probablement un problème, mais pas au même niveau que les autres... Nous essayons de nous coordonner avec les autorités nigérianes pour que des mesures soient prises en amont et que les Nigérians ne quittent pas leur pays. L’accord est de réaliser une sorte de dépistage avant leur départ. Une autre mesure que nous avons prise, c’est un test de dépistage à l’entrée en Arabie saoudite de façon à sécuriser l’entrée de tout cas suspect. Pour cela, nous avons développé - sur la base des recommandations de l’OMS et d’autres organisations - ce que nous appelons des cartes de dépistage où nous effectuons une surveillance passive. En plus de cette carte de dépistage remplie par les passagers dans l’avion, à leur arrivée, nous exerçons une surveillance active avec notre personnel soignant qui réalise un dépistage visuel des personnes pour déceler tout signe anormal avant le départ pour le hadj. Et cette procédure ce prolonge ensuite.
Nous savons tous les deux que le risque zéro n’existe pas. N’avez-vous pas peur que des pèlerins soient infectés ?
Le mot « risque », zéro ou pas... Nous avons réalisé une évaluation des risques. Sur la base de nos estimations, le risque d’avoir un cas d’Ebola en Arabie saoudite pendant la saison du hadj est proche de zéro. Ce qui nous préoccupe le plus, c’est l’impact que cela aurait... C’est comme lorsque vous prenez l’avion, vous êtes toujours préparé pour un atterrissage d’urgence alors que le risque que l’avion s’écrase est proche de zéro. C’est donc ce que nous faisons. Nous sommes inquiets mais le risque est très faible. Nous rassurons le public, nous leur disons que nous sommes prêts en cas de besoin.
Qu’est-ce qui se passera si un des pèlerins est infecté ?
Probablement, ce cas commencera par des suspicions. Et selon le degré de suspicion, nous avons prévu des mesures pour gérer la situation. Nous avons « une équipe d’intervention d’urgence » qui a des critères : si ce pèlerin arrive en Arabie saoudite et montre des symptômes, alors l’équipe d’intervention d’urgence sera mobilisée par les autorités sanitaires, et nous agirons en fonction. Nous sommes en train de former des personnes qui sont en veille 24h/24. Nous ne pouvons pas former tout le monde à Ebola. Mais ces personnes, lorsqu’elles doivent intervenir, suivent les instructions qu’elles ont apprises pendant leur formation et au cours des nombreux exercices d’entraînement.
Les personnels médicaux sont-ils formés spécialement à Ebola ?
Les personnels médicaux sont avant tout formés à se protéger eux-mêmes. C’est le plus important car, s’ils ne sont pas protégés, ils ne peuvent pas travailler. Ensuite, ils sont formés à gérer ces situations. Mais nous ne pouvons pas former tout le monde, car les personnels médicaux sont trop nombreux. Je ne connais pas leur nombre exact, mais c’est énorme. Donc, nous les préparons et les équipes qui doivent gérer ces situations doivent se protéger. Nous organisons des exercices d’entraînement, etc. Nous avons mis en place des programmes pour cela. Le personnel médical est formé pour se protéger et certaines personnes sont formées pour gérer ces situations.
Très sincèrement, avez-vous peur pour les pèlerins du hadj ?
En fait, j’ai toujours peur. Même sans Ebola ou tout autre problème de santé. C’est un énorme évènement de masse, probablement le plus grand au monde sur une période si courte. Mais nous ne voulions pas laisser cette peur interrompre notre activité, donc nous prévenons toujours et nous effectuons les préparatifs pour protéger nos pèlerins. Nous ne voulons pas être une source de problèmes pour le monde. Ceci n’est pas uniquement pour protéger notre propre population mais aussi pour protéger le monde entier de toute menace. Donc, nous suivons les règles, nous organisons notre formation, nous faisons tout ce qui est requis. La peur est toujours dans notre cœur, mais nous avons foi en notre Dieu qui nous soutiendra.
Nous avons parlé d’Ebola, mais, nous n’avons pas parlé du coronavirus. Est-ce fini pour autant ? Pouvez-vous me confirmer ?
Non. Coronavirus est un problème qui devrait probablement durer. La source de ce virus semble à ce jour être les chameaux. Mais si les chameaux semblent jouer un grand rôle dans la transmission de ce virus, ce n’est probablement pas la seule source. Si les chameaux restent présents dans nos vies, le foyer de ce virus continuera. Selon les observations que nous avons faites lorsque nous gérions ces situations, ce problème a démarré dans notre communauté mais il a été amplifié et s’est développé dans les hôpitaux. Notre principal effort est donc de stopper la propagation dans les hôpitaux. Les hôpitaux sont au cœur du problème. Tous nos efforts, notre succès en tant que ministère de la Santé, portent sur les mesures de contrôle de l’infection. Si nous réussissons cela, petit à petit, coronavirus ne sera plus un problème important car la contamination au sein de la communauté n’est pas élevée. Les contaminations secondaires – la transmission d’une personne à une autre personne – ne sont pas si dangereuses au sein de la communauté. Cela devient un problème lorsque vous arrivez à l’hôpital. Donc, le problème concernant le coronavirus est le contrôle de l’infection et les mesures préventives. Si tout cela est mis en place correctement, il n’y aura plus de problème.