Lancé à l’initiative du site 15october.net sous le mot d’ordre « Unis pour un changement planétaire », la première journée mondiale des « indignés » a connu des échos divers à travers la planète ce samedi 15 octobre 2011. Par ordre chronologique, les premières manifestations se sont déroulées en Océanie : environ 3 000 personnes à Auckland en Nouvelle-Zélande et 2 000 à Sydney en Australie où une foule hétéroclite s’est regroupée devant le siège de la Banque centrale de ce pays.
Julian Assange à la City
Le mouvement s’est ensuite propagé en Asie avec notamment un défilé à Tokyo auquel se sont joints les anti-nucléaires ; puis à Manille aux Philippines où plusieurs dizaines de contestataires ont scandé des slogans hostiles aux Etats-Unis devant l’ambassade américaine ainsi qu’à Taiwan où des manifestants se sont regroupés devant la Bourse de Taipei, la capitale, prenant exemple sur le mouvement américain « Occupy Wall Street ».
Au fur et à mesure que l’on avançait dans la journée de samedi, les contestataires ont répondu présents à l’appel qui concernait au total 82 pays et plus de 900 villes à travers le monde. Reprenant les slogans tels que « Peuples du monde, levez-vous ! » ou « Descendez dans la rue, créez un nouveau monde ! », les « indignés » ont fait entendre leur voix dans nombre d‘agglomérations européennes de Vienne à Stockholm, en passant par Amsterdam et Zürich.
A la City de Londres, centre financier de la capitale britannique, les manifestants ont eu la surprise de voir se joindre à eux Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, le site web lanceur d’alertes. « Nous soutenons ce qui se passe ici parce que le système bancaire à Londres est le bénéficiaire d’argent issu de la corruption », a-t-il déclaré. Autre lieu symbolique investi par les manifestants : la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort où plus de 5 000 personnes se sont rassemblées.
Débordements à Rome
A l’origine du mouvement dont la naissance remonte au 15 mai, Madrid n’a évidement pas été en reste, la capitale espagnole où cinq marches ont convergé des quartiers périphériques jusqu'à la Puerta del Sol qui est à nouveau occupée pour au moins vingt-quatre heures par les « indignados ».
Plus surprenant, à Paris, où se déroulait une réunion de travail préparatoire à la prochaine réunion du G20 à Cannes, Mario Draghi, le gouverneur de la Banque d’Italie, qui doit remplacer Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE le mois prochain, a avoué comprendre les jeunes manifestants. « Ils sont en colère contre le monde de la finance. Je les comprends », a-t-il déclaré.
Ironiquement, c’est dans son propre pays que la révolte a été la plus conséquente et la plus violente. Plusieurs centaines milliers de personnes sont en effet descendues dans les rues, notamment à Rome. Des heurts se sont produits et des agences bancaires ont été saccagées dans la capitale italienne. Une annexe du ministère de la Défense a même été incendiée par des éléments incontrôlés. « Une seule solution, la révolution ! », scandaient des manifestants plus révoltés que jamais, vingt-quatre heures après le maintien de Silvio Berlusconi dans ses fonctions de chef du gouvernement par la Chambre des députés.
A New York des milliers de personnes ont manifesté autour de Wall Street, le quartier de la finance, mais le défilé s'est déroulé dans le calme car encadré d'une forte présence policière. Les manifestants arboraient des pancartes « Nous sommes les 99% », « Nous sommes le peuple ». Plusieurs milliers d « indignés » ont également manifesté à Washington contre la « mafia financière ».