L'unité nationale déjà menacée après les attentats de Paris

Après les attentats de janvier, la politique avait très vite repris ses droits. Mais cette fois-ci, dès le lendemain des faits, plusieurs personnalités politiques ont ébréché l'unité nationale que François Hollande appelait de ses voeux. Alors qu'un deuil national de trois jours a été décrété à compter de ce dimanche matin, et qu'une minute de silence se tiendra lundi dans tous les établissments publics, le président de la République va recevoir ce dimanche les différents leaders des partis politiques à l'Elysée. puis il s'adressera, lundi, au Parlement réuni en Congrès à Versailles.

Après François Hollande, qui s’est exprimé très vite à la suite les attentats qui ont frappé Paris dans la nuit de vendredi à samedi, Manuel Valls est intervenu à son tour à la télévision pour marquer la détermination du gouvernement à agir mais aussi pour plaider en faveur de l’unité nationale. Au lendemain des terribles attentats qui ont frappé Paris, Manuel Valls a adopté un langage de fermeté. « Il n'y aura pas un moment de répit pour ceux qui s'attaquent aux valeurs de la République », a martelé le Premier ministre.

Une fermeté indispensable pour espérer obtenir l’unité nationale. Une unité nationale qui, pour des Républicains François Fillon, n’est pas acquise. « Cette unité nationale, elle doit se construire autour de deux questions fondamentales, a déclarél’ancien Premier ministre. Est-ce qu'on a une politique étrangère qui est adaptée à la situation ? Et deuxièmement, est-ce qu'on a fait tout ce qu'il fallait pour assurer la sécurité intérieure ? A ces deux questions, ma réponse est non. »

Pas question cette fois-ci pour l’opposition de donner un blanc-seing au gouvernement dont la politique de sécurité a fait l'objet de critiques. Des mesures fortes sont attendues. Manuel Valls l’a compris. « Nous devons expulser tous ces imams radicalisés, déchoir de la nationalité ceux qui bafouent ce qu'est l'âme française. »

Et même concernant la proposition de Laurent Wauquiez de placer en centre d’internement les islamistes fichés, Manuel Valls n’a pas dit non. « Moi je suis prêt à examiner toutes les solutions qui sont réalistes, conformes au droit, à nos valeurs, et surtout qui soient efficaces. » L’efficacité, c’est l’une des conditions d’un rassemblement des forces politiques républicaines, une condition indispensable mais pas forcément suffisante.

« Les Français ne sont pas en sécurité »

Nicolas Sarkozy réclame lui « des inflexions majeures », et pointe à demi-mot la responsabilité du gouvernement. Marine Le Pen elle n'hésite pas à dénoncer l'action des autorités, affirmant que « les Français ne sont pas en sécurité ». L’unité nationale n’aura donc pas duré bien longtemps, quelques heures à peine, bien moins qu’après les attentats de janvier.

François Hollande, qui invoquait il y a 10 mois « l’esprit de janvier », en appelle une nouvelle fois à l’unité nationale, « cette indispensable unité ». L’entourage du chef de l’Etat ne veut surtout pas polémiquer, pour se consacrer à la seule question qui vaille : assurer la sécurité des Français, c’est sa « seule préoccupation ».

Le président français est dans son rôle, chef de guerre, mais aussi garant de l'unité du pays. « C'est ce qu'on attend de lui », glisse un de ses proches. François Hollande reçoit ce dimanche l'ensemble des personnalités politiques, de Nicolas Sarkozy à Marine Le Pen, en passant par Jean-Luc Mélenchon, avant de s'adresser ce lundi, aux députés et sénateurs réunis en congrès à Versailles. Une décision exceptionnelle, pour marquer cette unité.

Mais après le deuil national, la campagne des élections régionales reprendra vite. Les élections auront lieu les 6 et 13 décembre prochain. L'Elysée assure d'ailleurs qu'il n’a jamais été question de les reporter.

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