« La guerre », tels sont les deux mots qui s’invitent ce matin à la Une des quotidiens Le Parisien et Le Figaro.
« Cette fois, c’est la guerre, lance Le Parisien, sur le fond noir d’une photo de pleine page prise dans la nuit parisienne parmi les secouristes qui s’affairent. Ce vendredi 13 novembre 2015 restera comme l’un des jours les plus noirs de l’histoire, déjà longue, du terrorisme en France », énonce le quotidien.
Dégoûté, en colère, Le Parisien n’a pas de mots assez durs contre les auteurs de ces attentats, qui ne sont, selon ce journal, que des « barbares de Dieu, soldats de pacotille dont l’héroïsme consiste à tuer des innocents, (…) parce qu’ils veulent mettre la France en état de choc. La sidérer. La paralyser. La diviser. » Et Le Parisien d’en appeler solennellement à « la République » pour prévenir que « la France saura rester unie et faire front ».
C’est « la pire tragédie jamais endurée par le pays depuis la Seconde Guerre mondiale », souligne Le Figaro. Le quotidien, à son tour, fait état de nombreux témoignages, dont certains affirmant que les assaillants « ne portaient même pas de cagoule ». Pour Le Figaro, il s’agit-là d’un « très mauvais signe. Cela signifie sans doute qu’ils n’ont pas peur de mourir », remarque-t-il. Avant de faire le lien entre les attentats de la nuit dernière à Paris et l’engagement français dans la « coalition anti-Etat islamique », l’accentuation de ses frappes en Irak ou encore la décision de déployer le mois prochain son porte-avions Charles-de-Gaulle dans le Golfe. « Une déclaration de guerre à laquelle les terroristes ont répondu par des scènes d’apocalypse », soupire Le Figaro.
Attentats : le courage et la révolte
Dans les rédactions des journaux français, l’heure est tellement grave que le ton des éditoriaux s’en ressent. Et pas qu’un peu. C’est d’abord à un élan de courage qu’à chaud, la presse française invite ses lecteurs.
Témoin le quotidien Libération, qui ne voit pas comment ne pas « relier ces événements sanglants aux combats qui sont en cours au Proche-Orient ».
Pour Libé, pas de doute, la France « doit continuer son action sans ciller » et la société française doit « s'armer de courage pour ne rien céder aux tueurs ». Le journal en appelle à « l'unité du pays, solide et volontaire, appuyé sur ses valeurs, (afin de) relever son plus grand défi ».
Premier quotidien français par son tirage, le journal Ouest-France, n’écrit pas autre chose, en invoquant le combat de la France, celui « pour la liberté, la dignité et les droits de l'homme. Un combat contre l'obscurantisme et la régression, sermonne ce grand quotidien de l’ouest de la France. Une fois de plus, nous saurons faire face. »
Le courage, mais aussi la révolte. Comme celle que laisse éclater le journal L’Union. « Jamais ce pays ne se couchera devant les terroristes parce que par le passé, ses aînés n'ont pas accepté le nazisme, le totalitarisme et que la patrie des droits de l'Homme ne se laissera jamais impressionner (…) la barbarie ne passera pas ! »
De tels coups de menton dans la presse française, depuis que je fais ce métier, laissez-moi souligner que c’est du jamais lu.
Attentats : je suis Paris !
Des accents de gravité, mais aussi des formules de circonstance dans la presse française. Comme celle forgée par La République des Pyrénées : « Nous étions Charlie, nous sommes Paris !, lance ce quotidien du sud-ouest du pays, la France est en guerre ».
Qui prévient : « Jusque là, il fallait être militaire, policier, Juif ou avoir dessiné le Prophète pour être pris pour cible. Mais ce qu'ont signifié hier les terroristes, c'est que tous les Français, vous comme moi, sont désormais visés ».
On le voit, la presse française sonne l’alarme ce matin.
La Charente Libre, en conséquence, enjoint les Français à relever le « défi lancé par Daech de frapper partout et à tout moment ».
Et ce quotidien de l’ouest du pays de proclamer à son tour la « guerre mondiale dont la France devient contre son gré un des champs de bataille principaux ». Une guerre sans nom, à Paris comme ailleurs.