Le président Hollande, qui s’est exprimé dans l’après-midi à l’issue d’un Conseil des ministres restreint, a demandé à « ne pas nous laisser détourner par de vaines querelles », appelant « comme en janvier 2015 » à « l’unité nationale » et à « continuer à agir contre le terrorisme en France partout dans le monde ». « Rien ne nous fera douter de ce que nous faisons, a-t-il ajouté. Dans ces moments là, c’est l’unité, le rassemblement, et la capacité de la nation à faire face, qui permettront de lutter contre le terrorisme. »
Une position relayée par de nombreuses personnalités de la majorité, comme la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem qui a tweeté : « Face au terrorisme, plus que jamais, restons unis et mobilisés. » Ou encore Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti socialiste qui a fait part de sa « grande émotion » et demandé d'éviter les amalgames. « Ne jouons pas sur les peurs », a-t-il insisté sur Twitter. Un message relayé par la secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, qui estime qu'il ne faut pas laisser « gagner la haine », réagissant face à cette « folie meurtrière » avec « colère et dégoût ».
Ligne unitaire
Cette ligne unitaire a également été suivie par de nombreuses personnalités de l’opposition, comme François Fillon, du parti Les Républicains (LR), pour qui « la menace terroriste est toujours là ». L’ancien Premier ministre affirme dans un tweet que « la France doit serrer les dents et les rangs. Sa vigilance doit être maximale et sa fermeté implacable. » Sur la même longueur d’onde, Hervé Morin, président de l’Union des indépendants (UDI), estime que « jamais la France ne pliera face au terrorisme, affirmant même que les attentats ne font que renforcer la solidarité nationale. »
D’autres, comme François Bayrou, qui s’exprimait devant l’AFP, cherchent déjà à trouver des explications. « Devant toutes ces horreurs en Isère et en Tunisie, il faut comprendre ce que ces terroristes cherchent à obtenir, estime le président du Modem. En France, ils cherchent notre affolement, dont la peur deviendrait la cause. En Tunisie, ils cherchent à obtenir la misère pour le peuple par l'effondrement du tourisme causé par la peur. En face de tout cela, notre réponse doit être d'abord le calme, ensuite la solidarité, enfin la lutte implacable. »
Début de polémique
Mais déjà, certaines personnalités tentent de se démarquer du gouvernement, lui demandant des éclaircissements et des actes. Ainsi Nicolas Sarkozy, le chef du parti Les Républicains a réclamé « solennellement » au gouvernement « de faire toute la lumière » sur les circonstances de l'attentat. Alain Juppé demande pour sa part à l'État de « tout mettre en oeuvre pour protéger ses citoyens ».
Plus à droite sur l’échiquier politique, le député du Gard Gilbert Collard a même déjà tenté de lancer une première polémique. « L'auteur de l'attentat était connu des services. Renseignement efficace comme toujours, après le drame, après la mort », a déclaré l’avocat, membre du Rassemblement bleu marine. Avant d’ajouter : « Valls ordonne une vigilance renforcée sur les sites sensibles Rhône-Alpes, il serait temps. ». Marine Le Pen, la présidente du Front national, réclame quant à elle « immédiatement » des « mesures fermes et fortes » pour « terrasser l'islamisme ».
La président du FN a ouvertement accusé le gouvernement d’inaction en matière de terrorisme. « Les marches, les slogans et la communication émotionnelle doivent enfin laisser la place à l'action », a-t-elle écrit dans un communiqué, avant d’ajouter, cinglante « rien n'a été fait depuis des années contre le fondamentalisme islamiste ». Un discours relayé par sa nièce Marion-Maréchal Le Pen, pour qui « l’inaction du gouvernement est criminelle et insupportable ». Des accusations violentes suivis de propositions radicales, comme l’expulsion du territoire national des étrangers suspectés de fondamentalisme islamiste
Pour Bruno Le Maire, enfin, la question ne doit pas être dissociée de l’actualité internationale, et les réponses également. « C’est tout notre territoire qui est désormais sous la menace de l'islamisme radical, affirme le député LR de l’Eure, qui « demande à nouveau que la diplomatie française prenne l'initiative d'une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies appelant au recours à la force contre Daech et contre l'islamisme radical en Syrie ». Il également appelé à « l’arrestation, la condamnation, l’incarcération ou l’expulsion de tous les islamistes radicaux présents sur le sol français. »
Réactions européennes (avec AFP)
Evoquant une « barbarie », ou encore une « haine aveugle », les dirigeants européens ont vivement réagi à l’attentat commis en Isère.
« Les démocrates feront toujours front contre la barbarie », a ainsi commenté le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy sur son compte Twitter. Faisant le lien avec l’attentat de Tunis et celui du Koweit, dans une mosquée chiite, tous ont appelé, à l’image du Premier ministre David Cameron, à « combattre [cette] perversion idéologique par tous les moyens. » Des attaques qui, selon la chancelière allemande Angela Merkel, « mettent en évidence les défis […] auxquels nous avons à faire face ». Plus précis, le président du Conseil italien Matteo Renzi estime que l’attentat en Isère confirme l’existence de « petites cellules […] très bien organisées ». Pour le ministre roumain des Affaires étrangères, « ces attaques montrent qu’il est impératif de renforcer les efforts de prévention et d’élimination de la terreur. »