Hollande sur Inter: «la France n'interviendra pas en Libye»

François Hollande était l'invité exceptionnel de la Matinale de nos confrères de France Inter de 7h00 à 9h00 (6h-8h TU). Un entretien dont les premières minutes ont été largement consacrées aux questions économiques et sociales avant d'élargir le débat aux questions européennes et internationales notamment la Grèce, l'Ukraine et la Russie.

François Hollande tente de renouer avec les Français. Le chef de l'Etat a longuement préparé ce week-end cette émission spéciale composée, selon l'Elysée de « quatre séquences d'interview, les trois premières avec des journalistes de France Inter et la dernière, plus longue, avec les Français ». La station avait proposé le principe de cette émission il y a plusieurs mois à la présidence et la décision de la réaliser a été arrêtée dans la plus grande discrétion il y a près de trois semaines, a confié un proche du président.

La hausse du chômage, une « responsabilité assumée »

Les premières minutes ont été largement consacrées aux indicateurs économiques. D'emblée, le président de la République a assumé la responsabilité de son gouvernement sur les mauvais chiffres du chômage, une question qui préoccupe une grande majorité de Français et ce lundi matin, le président de la République s'adresse surtout à son électorat. « Je suis président de la République, je ne vais pas dire c’est la faute de l’étranger, c’est la faute de la conjoncture, c’est la faute de la crise. Bien sûr que beaucoup dépend de la situation économique mondiale, beaucoup relève de choix économiques européens et beaucoup tient à un certain nombre de données que l’on connaît bien et qui sont en train d’évoluer sur les taux d’intérêt, la valeur de l’euro ou le prix du pétrole mais il y a une responsabilité, celle que j’assume ».

Le président, qui se place surtout sur le terrain de l'explication de texte ne fait pas d’annonce, plutôt des confirmations. François Hollande le redit : il n'y aura pas de nouveaux impôts créés en 2015 et surtout il espère une croissance supérieure à 1% en 2015 et en 2016, c’est plus que ce que prévoit l’INSEE et c'est au-delà de ce palier que la France peut créer des emplois, dit le Président. Si ce scénario optimiste se confirme, attention les recettes supplémentaires iront à la baisse des déficits, voilà pour le signal à Bruxelles.

La prochaine présidentielle : pas le sujet

François Hollande a aussi longuement défendu la fameuse loi Macron, très contestée dans sa majorité et critiquée encore ce week-end par Cécile Duflot. « Un grand bon en arrière » a accusé l’ancienne ministre. Une loi de liberté, de progrès plaide ce matin le président. « Je prendrai tous les risques pour changer ce qui bloque » dit François Hollande. Et pour autant pas question pour lui d'utiliser le 49-3, le vote bloqué. François Hollande s’affiche confiant, juge qu’il y aura une majorité pour faire passer cette loi. François Hollande qui insiste et répète « Est-ce que j’ai pris le bon chemin ? Nous le verrons à la fin ». L'important n'est donc pas le chemin mais là où il conduit.

Le président a ensuite été questionné sur les mois de mandat qui lui restent et sur l'éventualité d'une nouvelle candidature à la prochaine élection présidentielle. « Pour l'instant je ne me préoccupe pas, croyez-moi, de l'élection présidentielle, je me préoccupe essentiellement des Français » a assuré François Hollande. « « Vous pensez que quand je viens d'évoquer ces sujets (économiques, sociaux, ndlr), je vais parler des primaires ? » a poursuivi le président...

Euro: les Grecs sont souverains

François Hollande est ensuite sollicité sur les questions européennes et internationales. Concernant la Grèce, le président a martelé que « Les Grecs sont libres de décider souverainement de leur gouvernement (...), quant à l'appartenance de la Grèce à la zone euro, c'est à la Grèce seule d'en décider ».

Le président français a précisé qu'il allait rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel dimanche prochain pour parler de « l'avenir de l'Europe » mais le dossier grec sera bien évidemment au menu.

Concernant le dossier ukrainien, le président français annonce une réunion internationale à Astana et se montre confiant sur ses chances de réussite et donc la levée des sanctions internationales contre la Russie et les pro-russes en Ukraine. « Les sanctions doivent être levées s'il y a des progrès. S'il n'y a pas de progrès, les sanctions demeureront ».

Les interventions françaises en Afrique

Le président français François Hollande écarte l'idée d'une intervention militaire française en Libye. « La France n'interviendra pas en Libye parce que c'est à la communauté internationale de prendre ses responsabilités et pour l'instant, elle doit faire en sorte qu'il puisse y avoir un dialogue politique, il n'est même pas installé, et deuxièmement que l'ordre puisse être rétabli ». Rappellons que plusieurs pays de la région - Niger, Tchad notamment - ont estimé récemment qu'une intervention militaire internationale était « indispensable » en Libye, pays au bord du chaos. Mais interrogé pour savoir si la France pourrait participer à une éventuelle intervention de l'Onu, François Hollande répond qu'une telle direction n'était pas en jeu actuellement.

« Au sud de la Libye, il y a des foyers terroristes très importants » ajoute le président qui rappelle que la France est déjà engagée dans des opérations de contention du terrorisme au Sahel. « Elle fait en sorte que nous puissions soutenir les efforts des pays concernés par les actions de Boko Haram » qui encore s'est illustré hier en prenant aux forces nigérianes la base de Baga.

→ à (re)lire la Revue de presse du jour avec à la Une « Chaude rentrée pour François Hollande »

Partager :