François Hollande sur TF1: encore deux ans et demi et peu d'annonces

Président français le plus impopulaire à la moitié de son mandat, plombé par l'absence de résultats face à la crise économique, François Hollande a confirmé ce jeudi soir dans une émission spéciale diffusée sur la chaîne TF1 et la radio RTL qu'il ne briguera pas de second mandat en 2017, s'il ne parvient pas d'ici là à faire baisser le chômage.

L'émission diffusée ce jeudi soir sur TF1 et RTL a été construite avec un premier entretien en face-à-face avec un journaliste, puis François Hollande s'est retrouvé face à quatre Français. Un exercice délicat et sans filet, vis-à-vis duquel le chef de l'Etat a longtemps renâclé avant de se laisser convaincre.

« C’était passionnant… » : c’est la conclusion de François Hollande au terme d’une heure quarante-cinq d'émission censée enrayer la défiance des Français pour leur président. Avec un premier exercice, l’interview personnelle. Un exercice un peu vain car François Hollande est tendu et ne lâche rien ou presque : il réaffirme qu'il a le cuir tanné, qu’il est un être normal, à se demander pourquoi avoir accepté cette thématique personnelle.

Au fond, le président préfère parler de la France plutôt que de lui. « J’accepte que l’on puisse me faire des reproches mais ce que je n’accepte pas et n’accepterai jamais c’est qu’on puisse toucher à la France, assène le président. Ce qui est insupportable, c’est cette espèce de déploration, de dénigrement, d’attaques systématiques à l’égard de la France ».

« La politique que j'ai moi-même fixée »

Et la France, François Hollande la voit en grand : première puissance en Europe dans dix ans. Dans dix ans de grands projets : une candidature à l'organisation de l'Exposition universelle, à l'organisation des Jeux olympiques (à ce sujet, Anne Hidalgo, la maire de Paris, annonce ce vendredi que la décision d'une candidature de Paris aux JO de 2024 sera prise en janvier 2015). Des succès à venir grâce aux efforts des Français et aux réformes qu'il a décidées lui-même. François Hollande a profité de cette émission pour tenter de réaffirmer son autorité.

Il a rappelé qui était le patron. « Toutes les réformes, je les ai décidées » répète sur tous les tons le président qui remet à sa place son ambitieux Premier ministre. « Manuel Valls applique la politique que j’ai moi-même fixée ». Voilà qui rappelle Jacques Chirac recadrant Nicolas Sarkozy, « je décide, il exécute ! »

« Mon rôle, dit le président, c’est de protéger les Français ».Mais le face à face avec quatre Français a vite atteint ses limites. Celles d’un président dans la peau d’un conseiller Pôle Emploi. Avec plusieurs annonces pour lutter contre le chômage (il reconnait son erreur sur l’inversion de la courbe), un nouveau contrat aidé pour les séniors, 15 000 nouveaux emplois d’avenir pour les jeunes.

Autre annonce : un service civique universel et bénévole. Pas d’impôt supplémentaire jusqu’en 2017, année présidentielle. Sera-t-il d’ailleurs candidat ? Il l’avait déjà dit, cela dépendra de la baisse du chômage. Mais pour l’instant, dit-il, « je suis président ». Un message qui avait besoin, de toute évidence, d’être martelé.

Le président a-il convaincu ? A de très rares exceptions près, les journaux français sont tout sauf tendres avec le chef de l’Etat. A la Une : Hollande, président-bashing.

 


Au fil des déclarations présidentielles

►Sur la mort de Rémi Fraisse
Interrogé dès le début de l'émission sur Rémi Fraisse, jeune écologiste de 21 ans, mort des suites de l'explosion d'une grenade offensive lancée par les gendarmes sur le site du barrage de Sivens (sud-ouest), selon les premiers résultats de l'enquête, François Hollande a déclaré : « Qu'un jeune puisse mourir pour défendre ses idées je ne peux l'admettre (...) J'ai promis la vérité au père de Rémi Fraisse (...) Deux juges d'instruction sont saisis, qui iront avec des expertises, des témoignages, jusqu'au bout. Toute la vérité sera faite, je ferai en sorte qu'elle soit établie dans tous ces détails ».

Plus tôt dans la journée, le site d'information Mediapart avait publié un article affirmant que le gouvernement était au courant depuis le drame de la responsabilité des gendarmes, vérité qu'il aurait dissimulé pendant 48 heures.
 

►Sur l'image présidentielle
Interrogé par Thierry Demaizière sur la façon dont il incarne la fonction, François Hollande répond : « Je ne pense pas avoir fait d'erreur. Parce que ma cravate n'est pas droite ? Parce que je mange des frites ? Où on en est, là ? ». « Je me mets dans la situation de faire que je puisse être fier de moi et conscient que je puisse être utile à la France (...) Au bout des cinq ans, quelle que soit la décision, quel que soit le verdict des Français, moi je veux pouvoir me regarder dans une glace et me dire 'qu'est-ce que j'ai fait en cinq ans ?'  ».

►Sur l'emploi des séniors
François Hollande annonce le retour de l'ASS (Allocation de solidarité spécifique) pour les chômeurs à l'âge de la retraite et un contrat aidé pour les chômeurs séniors.

►Sur la courbe du chômage
« Si je n'y parviens pas à la fin de mon mandat [à faire baisser le chômage, ndlr], vous pensez que j'irai devant les Français ? Les Français seraient implacables et ils auraient raison ». François Hollande a confirmé qu'il ne briguera pas de nouveau mandat s'il échoue à faire baisser le chômage, actuellement à un niveau record de 3,4 millions de sans-emplois.

►Sur les réformes
« Toutes les réformes engagées, je les ai décidées moi-même ».

►Sur les impôts
« A partir de 2015, il n'y aura pas d'impôt supplémentaire sur qui que ce soit ».

►Sur l'assassinat d'Hervé Gourdel
« L'enquête avance, le gouvernement algérien travaille. J'ai reçu la famille de Hervé Gourdel, quand j'ai appris son assassinat c'était le pire jour de mon quinquennat. Il avait été capturé deux jours plus tôt ! Et assassiné parce qu'il était Français. Je veux qu'on retrouve sa dépouille et ses assassins ».

►Sur l'otage français Serge Lazarevic
« Nous avons des nouvelles qui ne sont pas récentes, pas de preuves qu'il soit mort donc cela nous laisse à penser qu'il est vivant ».

►Sur le service civique
François Hollande a annoncé la création de 15 000 emplois d'avenir supplémentaires « sans conditions de diplômes pour les jeunes (...) Je veux mettre en place un service civique universel de temps limité, un mois, deux mois, pour aller dans une maison de retraite, s'occuper de jeunes, d'une école. Ce ne serait pas obligatoire ».

►Sur l'exposition universelle
François Hollande annonce que la France est candidate à l'organisation de l'exposition universelle en 2025.

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