Lors de son déplacement au Canada, il y a deux jours, François Hollande citait cette phrase du cinéaste Xavier Dolan : « Tout est possible à qui rêve, ose, travaille, et n’abandonne jamais. » Et le président d’ajouter : « Je pense que cet encouragement vaut pour de multiples causes et est assez universel. » « Tout est possible » ; « oui, le monde est dur, mais le pays a des ressources. » Toutes ces formules, François Hollande les a rodées dans son déplacement au Canada au début de cette semaine, et il les répètera ce jeudi soir pour lancer la seconde partie de son mandat, entre autres.
« Profondément grillé »
Face à toutes les critiques, François Hollande veut montrer qu’il peut donner de l’espoir au pays, et qu’il a toujours envie d’en découdre. Ils sont en effet nombreux, ceux qui pensent aujourd’hui que le président ne pourra pas se représenter en 2017. Pour le député UMP Claude Goasguen, « François Hollande n’est pas à sa place, il n’a pas pris la dimension de la présidence de la République, ça ne passe pas. Il est parti sur un mensonge initial, faire croire aux Français qu’en fait, il allait pouvoir tout rétablir, que la crise n’existait pas, que la finance, ce n'était rien du tout. Puis les Français s’aperçoivent que tout ça, c’était une manière de voir les choses un peu démagogique, et ils lui en veulent beaucoup. »
« Je crois qu’il ne se relèvera pas du mensonge initial. Ça ne veut pas dire que la gauche a perdu toute chance, mais que lui m’apparaît profondément handicapé et grillé », conclut le député, très sévère comme toute l'opposition. Mais dans le propre camp du chef de l'Etat, ça n’est pas forcément mieux : on tire même parfois à boulets rouges sur François Hollande. Les salves les plus nourries viennent des « ex ». Ex-compagne, ex-ministres, conseillers désavoués... ils écrivent tout le mal qu'ils pensent et qu'ils souhaitent à François Hollande. Et si tous se lâchent de manière aussi inédite, c’est aussi parce que l'intéressé ne fait pas peur.
« Capacité de décision »
Personne ne craint les représailles du « président normal », et c'est une erreur, juge le député socialiste Olivier Faure : « Il subit, c’est vrai, ce qu’on a appelé le " Hollande bashing ". On a un chef de l’Etat qui est en permanence critiqué quelles que soient ses décisions, et notamment sur la question de l’autorité. En même temps, on a un chef de l’Etat qui prend des décisions fortes. Au plan international : interventions en Afrique, en Irak, sur le plan européen avec une réorientation sous son influence. Je pense aussi à la manière qu’il a de diriger sa majorité, son propre gouvernement : on ne peut pas dire qu’il ait fait preuve de faiblesse particulière. »
« On a même constaté, à certains moments de la législature, qu’il pouvait avoir la main leste quand, en un tournemain, il modifie à la fois le Premier ministre, le chef du parti, la tête de son cabinet », conclut Olivier Faure, pour qui François Hollande « a su faire preuve d’une capacité de décision sans hésitations. » D'ailleurs, la main du président n'a pas tremblé non plus, ses proches le répètent, quand il a fallu faire voter le « mariage pour tous » ou mettre en place le « pacte de responsabilité ». Maintenant, la question qui se pose est : que peut concrètement faire le président pour se relancer à mi-mandat ? C’est peu de dire que le sujet fait débat parmi ses proches.
« Rétablir son autorité »
Jérôme Sainte-Marie, président de l'institut PollingVox, a une proposition pour le moins originale : « François Hollande, aujourd’hui, ne peut plus rebondir que s’il annonce qu’il sera candidat lors de la prochaine élection présidentielle. Non seulement il y a eu une crise de résultats, non seulement il y a eu des erreurs de communication, mais c’est surtout le fait qu’il ait laissé planer un doute sur sa volonté de se représenter qui fait qu’aujourd’hui, il est complètement hors jeu, y compris chez les sympathisants de gauche. A gauche, si on considère que le champion de son propre camp face à la droite lors des prochaines élections, c’est François Hollande, une partie d’entre eux devront s’y résoudre et peu à peu s’identifieront à ce candidat. »
Un président candidat à sa succession, c’est en tout cas dans la logique des institutions. Mais François Hollande, aujourd’hui, est tenu par cet engagement pris au printemps dernier à Clermont-Ferrand. En substance, il avait dit : « Je ne me représenterai que si le chômage baisse. » C’est bien sûr là-dessus que François Hollande joue son avenir, même si Jérôme Sainte-Marie assure : « Le fait de se déclarer candidat n’est pas une condition sine qua non pour rétablir son autorité sur son camp, mais c’est une condition nécessaire. »
→ À relire sur le même sujet La revue de presse française du jeudi 6 novembre 2014