Manuel Valls à Matignon: les réactions

L'annonce de la désignation de Manuel Valls pour succéder à Jean-Marc Ayrault a été accueillie ce lundi soir avec stupeur par l'aile gauche du PS et avec davantage de sérénité par d'autres personnalités socialistes, alors que beaucoup attendent du président Hollande une réorientation de sa politique après la déroute des municipales.

Un parti socialiste divisé

Si Manuel Valls a bénéficié jusqu'à présent d'une bonne popularité chez les Français, il est considéré comme peu consensuel au PS en raison de ses prises de positions antérieures et le nombre de ses fidèles dans le parti reste minoritaire. Il n'avait recueilli que 5% des voix à la primaire PS pour la présidentielle de 2012, se classant avant-dernier devant Jean-Michel Baylet  (PRG). « C'est plus que surprenant de prendre celui qui est le plus à droite au PS, qui n'a fait que 5% dans le débat interne [la primaire socialiste de 2011], qui était contre les 35 heures, qui était pour la TVA sociale, comme réponse au fait que le peuple de gauche ait contesté la politique libérale de François Hollande », a estimé sur RFI la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, ténor de l'aile gauche du PS.

« Le grand coup de barre à gauche n'est pas possible et ce n'est pas le message des élections », a rétorqué Thierry Mandon, porte-parole des députés PS, selon lequel « ce gouvernement sera forcément construit sur un rééquilibrage progressif et social de la politique » et « Manuel Valls ne manquera pas de voix au moment de la confiance ». Une telle nomination constitue-t-elle une réponse adéquate au message des urnes ?

Du côté des proches de François Hollande, comme François Rebsamen, maire de Dijon, qui ne cache pas ses ambitions ministérielles, on louait chez le futur ex-ministre de l'Intérieur « un professionnel » qui « fait les choses de manière sérieuse ».

A l'aile droite, le député de Paris Jean-Marie Le Guen (ex-strausskahnien) estimait que l'arrivée de Manuel Valls à Matignon promettait « une nouvelle donne sur l'action, sur le rythme ». « Nous allons avoir (une) nouvelle dynamique », a-t-il dit, en citant l'exemple du président du Conseil italien Matteo Renzi.

■ Europe écologie - Les Verts : « pas la réponse adéquate »

Pascal Canfin et Cécile Duflot, les deux ministres EELV du précédent gouvernement, ont annoncé qu'ils « n'entendent pas participer à ce nouveau gouvernement ». Dans un communiqué, les deux anciens ministres jugent que la nomination de Manuel Valls à Matignon « n'est pas la réponse adéquate aux problèmes des Français ». Les deux anciens ministres insistent sur leur « vigilance la plus haute » à l'égard de ce nouveau gouvernement, auquel ils assurent par ailleurs leur « solidarité, chaque fois que le cap choisi sera le bon ».

Le Parti de Gauche dénonce un « diviseur de la gauche »

Le président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, a appelé « l’opposition de gauche à ce gouvernement » à manifester le 12 avril prochain à Paris. Se disant « très triste pour (son) pays », de la nomination de Manuel Valls à Matignon, il a qualifié le choix de François Hollande de « plus grand commun diviseur de la gauche ».

« A part le Premier ministre, rien ne change. Une nouvelle fois, François Hollande tourne le dos à la gauche », juge Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste qui juge que François Hollande « n'entend que de l'oreille droite ».

■ Pour la droite, un remaniement insuffisant

Jean-François Copé, le président de l'UMP, a jugé que « le limogeage de Jean-Marc Ayrault ne suffira pas à régler les problèmes ». Il a plaidé pour « une rupture avec le modèle socialiste ». Pour Eric Ciotti, député UMP des ALpes-Maritimes, c'est au contraire une « démarche qui n'est pas maladroite, c'est peut-être la première depuis longtemps de la part du président de la République, qui va dans le sens de ce que veulent les Français ». Eric Ciotti considère cependant que « Manuel Valls a réussi grâce à des subterfuges à demeurer très populaire malgré un bilan calamiteux place Beauvau. Maintenant, il est placé devant le mur de l'action et c'est là où l'on va juger aux actes. » Nadine Morano, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, a pour sa part jugé que « les Français, ce n'est pas de la forme qu'ils attendent, c'est des actes ». Pour elle, « les Français, aujourd'hui, restent dans le flou ».

Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne et président de Debout la République, juge que « depuis son arrivée Place Beauvau, Manuel Valls a vite démontré son incompétence pour assurer la sécurité des Français ». Pour lui, Manuel Valls est « l'exemple type de la social-démocratie molle qui a échoué partout en Europe et qui s'est toujours soumise aux injonctions de la Commission européenne. C'est un Premier ministre programmé pour l'échec. »

■ Front National : « Un homme dangereux »

Pour la patronne du Front National, Marine Le Pen, « cet homme est dangereux ». Selon elle, Manuel Valls « n’a absolument aucun respect pour les libertés publiques, pour les libertés individuelles des Français. Par conséquent, il y a tout à craindre de sa nomination à un poste aussi important. »

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