L'épidémie de nouveau coronavirus progresse en France. 43 nouveaux cas ont été recensés depuis hier soir, portant le total à 100 depuis fin janvier. 86 personnes sont actuellement hospitalisées, a indiqué ce samedi soir au cours d'une conférence de presse le directeur général de la Santé Jérôme Salomon. Deux de ces patients sont morts et 12 sont guéris, a précisé le numéro deux du ministère de la Santé, ajoutant que neuf des personnes admises à l'hôpital étaient dans un état grave.
Dans l'après-midi, à l'issue d'un Conseil de défense et un Conseil des ministres exceptionnels, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé une série de mesures censées limiter le risque de propagation. Tous les événements réunissant plus de 5 000 personnes dans un milieu fermé sont ainsi annulés. Il en va de même de ceux « en milieu ouvert quand ils conduisent à des mélanges avec des populations issues de zones où le virus circule possiblement », a précisé le ministre. Le semi-marathon de Paris, prévu dimanche, n'aura donc pas lieu. C'est également le cas du carnaval d'Annecy et du salon immobilier de Cannes. Le Salon de l'Agriculture, censé se terminer ce dimanche, ferme ses portes dès ce samedi soir.
Des mesures plus strictes ont été prises concernant les deux principaux foyers de propagation du virus en France : cinq communes de l'Oise et celle de La Balme-de-Sillingy, en Haute-Savoie. Tous les rassemblements y sont interdits. Les établissements scolaires seront fermés lundi. Il est également demandé aux habitants de ces zones de limiter leurs déplacements et de privilégier le télétravail.
Au niveau national, en revanche, aucune mesure n'est prise concernant les transports en commun. Rien non plus au sujet d'un éventuel report des élections municipales. En tout cas, pour l'instant, a précisé Olivier Véran. « Ces mesures sont provisoires et nous serons sans doute amenés à les faire évoluer. Ce sont des mesures contraignantes et nous souhaitons paradoxalement qu'elles durent un peu, parce que cela voudrait dire que nous parvenons à contenir la propagation du virus. »
Les professionnels de santé et les EHPAD se préparent
Les établissements de santé se préparent pour faire face à l'épidémie. « Il y a un risque pour que le système ne puisse pas faire face, s'inquiète le Dr David Grabli, neurologue hospitalier et membre du collectif Interhôpitaux. Ça va aussi dépendre de la manière dont la médecine de ville va être impliquée dans cette histoire. Il est certain que si l’ensemble des cas, et c’est ce qui se passe actuellement, sont dirigés vers les hôpitaux, et que le nombre de cas augmente de manière exponentielle, la situation va devenir très compliquée. »
« Depuis quelques années, les personnels sont à bout de souffle, les moyens ont été extrêmement rabotés, le nombre de lits a été réduit, les personnels soignants au lit du malade ont été réduits. Tout ça met le système dans un état de tension palpable depuis plusieurs années. Cette épidémie qui se profile peut être un révélateur de la fragilité du système hospitalier. »
Du côté des maisons de retraite, aucune consigne officielle n'a encore été émise par le Ministère de la Santé, mais les EHPAD prennent déjà des mesures. Et pour cause : si le Covid-19 est bénin pour 8 personnes sur 10, le taux de mortalité du virus atteint 15% chez les plus de 80 ans. Depuis le début de la semaine, les EHPAD privés du groupe Colisée ont mis en place un contrôle des entrées et sorties.
Rupture de stocks, masques indisponibles : que ce soit en ligne ou en pharmacie, il est de plus en plus dur de se procurer un masque de protection. Le gouvernement a annoncé faire une commande de plus de 200 millions de masque pour protéger les professionnels de santé. Mais le problème, c'est que les citoyens normaux veulent eux aussi se protéger, sans forcément pouvoir y arriver.