Une page se tourne à Marseille. À 80 ans, Jean-Claude Gaudin a présidé « non sans émotion » son 198e et dernier conseil municipal. « L'horloge du temps sonne aujourd'hui pour moi l'heure du retrait », a-t-il dit après un quart de siècle à la tête de la cité phocéenne.
Accueilli par un concert de casseroles, le maire de Marseille pour encore quelques semaines a ensuite essuyé pendant plusieurs heures les critiques d'opposants lui rappelant le drame de la rue d'Aubagne, où huit personnes avaient perdu la vie dans l'effondrement de deux immeubles en 2018, les autres immeubles en ruine et les écoles délabrées.
Dans un rapport pour le moins sévère, la Chambre régionale des comptes dresse un bilan calamiteux des années Gaudin : « pas d’objectifs chiffrés », « pas de mesure de la performance des services et des politiques publiques ». La CRC décrit une commune lourdement endettée, qui avance sans boussole, « peu économe des deniers publics ». Avec 1,8 milliard d’euros de dettes, soit un peu plus de 2 000 euros par habitant, Marseille est deux fois plus endettée « que la moyenne des villes comparables » conclut la Chambre régionale des comptes.
Jean-Claude Gaudin, lui, met en avant le chômage divisé par deux depuis son arrivée à la tête de la ville, même s'il reste supérieur à la moyenne nationale, l'explosion du tourisme de croisière ou encore l'ouverture du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem). « J'ai fait avancer la deuxième ville de France », soutient Jean-Claude Gaudin, admettant toutefois que du temps avait « peut-être été perdu ».
« Cette passion pour Marseille et les Marseillais, mesdames et messieurs entretenez-là », a conclu l'édile, comme un message aux prétendants à sa succession, nombreux à assister au dernier conseil. Parmi eux, certains s'appuient sur la critique de la gestion Gaudin. C'est le cas du RN Stéphane Ravier, de la divers-gauche Samia Ghali ou encore du marcheur Yvon Berland.
À droite, ils sont deux à se disputer la succession de Jean-Claude Gaudin : Martine Vassal, candidate soutenue par les LR, et le dissident Bruno Gilles. Tous deux s'efforcent depuis des semaines de s'inscrire dans les pas de Jean-Claude Gaudin, mais aussi de s'en distinguer tant le bilan est critiqué. Pour la droite, perdre Marseille en mars prochain ce serait vu comme un coup de grâce. Beaucoup dans le parti considèrent d'ailleurs que ce sera le curseur pour évaluer l'état du parti.