Un an après, le souvenir de cette journée du 5 novembre continue de hanter Frédéric Tchalian. Ce matin-là, il ressent une grosse secousse, comme un tremblement de terre. En ouvrant les fenêtres de sa cuisine, il découvre une montagne de gravats. « Une scène d'horreur », dit-il.
Des deux immeubles vétustes situés aux numéros 63 et 65 de la rue d'Aubagne, dans le quartier de Noailles à Marseilles, il ne reste plus rien. Frédéric Tchalian y pense beaucoup avant de s'endormir, particulièrement en ce moment, alors qu'on commémore le premier anniversaire de ce drame qui a fait huit morts.
Le jeune homme a refusé de revenir y vivre. Il n’est pas le seul. Un périmètre de sécurité barre toujours une partie de la rue et des capteurs de mouvements ont été placés sur des façades, constate notre correspondant à Marseille, Stéphane Burgatt. Les habitants de la rue d'Aubagne vivent dans la peur d'autres effondrements et d'être expropriés.
« On n'en sort pas de ce truc-là »
« On ne sait pas ce qui va nous arriver. On sera forcément évacués dans le périmètre de sécurité, mais on sera peut-être aussi expropriés, témoigne Karine, qui habite près d'un hôtel en état de péril imminent. On n'en sort pas de ce truc-là. On vit derrière des grillages, dans la poussière, les dégradations de vie et l'absence d'informations. Mon appartement, c'est la seule chose que j'ai, c'est ma retraite. »
Le gouvernement avait promis après le drame une enveloppe de 240 millions d'euros pour rénover les logements insalubres phocéens. Pour l'heure, seuls 17 millions ont été engagés. Selon le ministre du Logement, cela n'a rien de surprenant, la somme doit être versée sur dix ans. D'ici la fin de l'année, une société d'aménagement commune associant l'État et les collectivités devrait être créée. C'est cette structure qui sera chargée d'acheter les logements insalubres, de les rénover avant de les remettre sur le marché en préservant le caractère populaire du centre-ville marseillais.
Mais en attendant, plus de 3 200 Marseillais ont été délogés dans toute la ville suite aux effondrements de la rue d’Aubagne. La grande majorité n'a toujours pas trouvé de solution de relogement définitive. La Fondation Abbé Pierre s'inquiète de ces évacuations d'urgence sans véritables solutions de relogement. Selon l'association, il existerait toujours 40 000 taudis à Marseille et 100 000 personnes concernées par ce mal-logement.