Emmanuel Macron évacué d'un théâtre après le rassemblement de manifestants

Après une intrusion dans les locaux de la CFDT vendredi dans la journée, au 44e jour de grève contre la réforme des retraites, des manifestants s’en sont pris directement au chef de l’État alors qu’il assistait à une représentation théâtrale plus tard dans la soirée.

C’est aux cris de « tous ensemble, grève générale » que des manifestants contre la réforme des retraites ont fait face pendant environ une heure aux nombreux policiers déployés devant le théâtre des Bouffes du Nord, dans le Xe arrondissement de Paris.

Sous les huées

Retenus par les forces de l’ordre, aucun manifestant n’a pénétré dans la salle, mais c’est sous les huées que le chef de l’État a quitté les lieux à l’issue de la pièce. Selon son entourage, il y a bien eu une tentative d'intrusion dans l’établissement, mais le couple présidentiel a pu assister jusqu'au bout avant de quitter les lieux en voiture sous escorte policière.

Selon son entourage, Emmanuel et Brigitte Macron assistaient à une représentation de « La mouche » quand le journaliste militant Taha Bouhafs, assis trois rangs derrière, a publié sur les réseaux sociaux des photos, qui ont incité des militants à venir perturber le spectacle.

« Une honte pour la démocratie »

Pas de panique du côté de l’exécutif, qui temporise : « Le président continuera à se rendre à des représentations théâtrales. Il veillera à défendre la liberté de création afin qu'elle ne soit pas perturbée par des actions politiques violentes », indique l’entourage du chef de l’État.

Le journaliste Taha Bouhafs a été arrêté pour « participation à une groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations » et placé en garde à vue dans la nuit, selon l'Agence France-presse qui cite une source judiciaire.

Emmanuel Macron condamnait quelques heures plus tôt l’intrusion au siège de la CFDT : « Ces violences sont une honte pour notre démocratie ». Le président qui, au 45e jour de grève, cristallise plus que jamais l’opposition à la réforme des retraites.

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Des déplacements compliqués

Des images qui rappellent sans doute à Emmanuel Macron celles du Puy-en-Velay, il y a un an. Le président avait fait une visite surprise à la préfecture, incendiées par des « gilets jaunes ». Repéré, il avait été sifflé, hué, accueilli aux cris de « Macron démission ». Quelques jours plus tôt, il avait été régulièrement chahuté lors de son itinérance mémorielle dans l’est et le nord de la France.

Rebelote cette année, à l’occasion de la réforme des retraites. Le chef de l’État, cristallisant le mécontentement des opposants, ses déplacements, d’ordinaire déjà organisés sous haute sécurité, le sont encore plus.

Ce qui n’a pas empêché ni les tensions de vendredi ni l’échange musclé de mardi dernier à Pau. Venu parler Sahel, terrorisme et avenir de la planète, Emmanuel Macron a été interpelé par un professeur de mathématique, syndiqué, lui criant de retirer sa réforme. Réponse d’un président manifestement agacé : « Vous n'êtes pas sympathique ni respectueux. » Avant un appel quelques minutes plus loin dans un autre cadre à des explications calmes et apaisées sur le projet de loi.

Comme si, deux ans et demi après son arrivée à l’Élysée, le président ne pouvait plus aller sereinement au contact des Français.

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