Retraites: Édouard Philippe laisse la porte ouverte à des compromis

Au lendemain de la grande mobilisation syndicale de jeudi 5 décembre, le Premier ministre Édouard Philippe affirme sa « ferme » volonté de mener la réforme des retraites, mais « sans brutalité » laissant la porte ouverte au compromis.

Le gouvernement accélère le tempo. Après la réussite de la mobilisation de jeudi, le Premier ministre a tenté de reprendre la main, avec cette allocution solennelle vendredi, qui n’était pas prévue, dans la cour de Matignon. Il n’a pas présenté l’architecture de la réforme durant ce discours, mais a tenté de répondre aux inquiétudes des Français avant les nouvelles manifestations prévues le mardi 10 décembre.

Message adressé aux cheminots et personnels de la RATP

Sur le fond, il n’y a pas de changement. Édouard Philippe s’est dit à nouveau déterminé à mener à bien la réforme des retraites, mais sans « brutalité ». Il laisse donc la porte ouverte au compromis notamment sur les périodes de transition pour basculer des régimes spéciaux vers le régime universel.

Un message tout particulièrement adressé aux cheminots de la SNCF et aux personnels de la RATP. Une « transition progressive » a souligné le Premier ministre qui « serait une affaire de justice individuelle et sociale ».

Édouard Philippe a aussi donné le calendrier à venir concernant la réforme des retraites. Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire aux retraites et Agnès Buzyn la ministre de la Solidarité et de la Santé recevront lundi 9 décembre l’ensemble des partenaires sociaux, pour « clore le cycle de négociation social ouvert sur le sujet », puis présenter « un bilan concret des attentes, des préoccupations avec les points d’accords et de désaccords ».

Ce sera probablement la dernière rencontre avant les annonces officielles du gouvernement. Édouard Philippe a donné rendez-vous aux partenaires sociaux mercredi 11 décembre, au Conseil économique, social et environnemental à midi, où il présentera l’intégralité du projet du gouvernement sur la réforme des retraites.

Nouvel appel à la grève

En attendant, les préavis de grève illimitée dans les transports en commun continuent de courir. La grève se poursuit jusqu’à lundi soir. Mais l’heure de vérité sonnera mercredi, en fonction des annonces du gouvernement, l’intersyndicale pourrait opter pour une nouvelle manifestation dès le lendemain, le jeudi 12 décembre.

De son côté, l’intersyndicale, composée de la CGT, FO, Solidaire, la FSU et d’organisation étudiante, a lancé ce vendredi un nouvel appel à la grève. Elle appelle à battre le pavé le mardi 10 décembre, pour une nouvelle journée interprofessionnelle. L’intersyndicale doit se réunir le soir même pour décider de la suite à donner au mouvement. Les syndicats qui ont durci leur position demandent le retrait de la réforme.

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Du côté des enseignants, fortement mobilisés contre la réforme des retraites, les annonces d'Edouard Philippe ne suffisent pas. C'est ce qu'explique Francette Popineau, co-secrétaire générale du SNUipp-FSU, 1er syndicat du primaire. « Nous avons évidemment pris la calculette et nous avons remarqué que ce montant correspond à 500 euros annuels. Donc on est vraiment loin de compenser la perte qui serait de 600 à 900 euros par mois. Donc ce qui est proposé, de toute façon, ne nous convient pas. »

Francette Popineau veut rappeler le message clair « exprimé dans la rue » : « Les enseignants, mais aussi les autres salariés, refusent cette réforme qui n’a qu’un but : baisser les pensions et faire en sorte de travailler encore plus tard. Ça, c’est quelque chose qui est refusé. Tout particulièrement chez les enseignants du premier degré, parce que la baisse de pension est évidemment considérable, et qu’il est surprenant que l’on puisse envisager une compensation, alors même qu’on est en train de mettre sur la table une réforme des retraites qui vise à faire des économies. »

La syndicaliste du SNUipp-FSU fait part de son étonnement : « On a du mal à comprendre les choses, sachant qu’en plus, cette compensation supposerait, évidemment, qu’il y ait un engagement de plusieurs générations de gouvernants politiques, puisque cela ne s’arrêtera pas au règne de M. Macron. Donc comment les choses pourraient-elles être finalisées ? » Le syndicat appelle lui aussi à nouveau à la grève mardi prochain.

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