Jeudi noir de grèves en France avec une forte mobilisation. Selon le ministère de l'Intérieur, 806 000 personnes sont descendues dans les rues contre la réforme des retraites, le futur « système universel » de retraites par points, censé remplacer les 42 régimes existants.
Pour certains militants, cette mobilisation est record. « On n'a pas vu ça depuis la mobilisation contre la réforme des retraites en 2010 », s'est enthousiasmé Dominique Holle, militant CGT dans le cortège à Clermont-Ferrand. De son côté, la CGT annonçait entre 1,4 et 1,5 million de personnes, avec 250 000 personnes seulement pour la manifestation parisienne.
De nombreuses professions étaient dans la rue : enseignants, retraités, étudiants, avocats, mais aussi cheminots.
La police de son côté aussi protestait contre cette réforme malgré une lettre du ministre de l'Intérieur visant à rassurer les syndicats policiers.
De nombreux grévistes étaient aussi à dénombrer chez EDF dans un contexte de réseau tendu, selon la CGT, du fait du froid.
Les manifestations ont aussi été tendues à certains moments avec des incidents en début de manifestation à Lille, l'usage de gaz lacrymogènes à la suite de « tirs tendus de feux d'artifice sur les policiers de la BAC » à Nantes, tensions à Rennes et à Paris.
À Paris, l'ambiance a oscillé entre un cortège syndical très calme et des violences avec les forces de l'ordre. Des débordements ont ralenti pendant toute l'après-midi le parcours de la manifestation à Paris qui est restée bloquée à son départ place de la République. C'est seulement en début de soirée que les manifestants ont pu avancer vers la place de la Nation.
Une remorque de chantier a été retournée et incendiée près de la Bourse du travail, non loin de la place de la République, et plusieurs vitrines brisées tandis que les forces de l'ordre essuyaient des jets de projectile et répliquaient par des tirs de lacrymogène, selon nos journalistes sur place.
Du côté de l'exécutif, l'Élysée a indiqué que le président Emmanuel Macron est « calme et déterminé à mener cette réforme, dans l'écoute et la consultation », précisant que « le Premier ministre s'exprimera vers le milieu de la semaine prochaine sur l'architecture générale de la réforme ».
À l'issue du Conseil des ministres qui s'est tenu à l'Élysée le jour de la grève contre la réforme des retraites, la porte-parole du gouvernement a affirmé que la discussion sur les modalités du texte était encore ouverte et qu'elle ne dépendait pas de l'ampleur des manifestations.
Plus tard dans la journée, le Premier ministre Édouard Philippe a salué la bonne organisation des manifestations et rendu « hommage aux organisations syndicales ». « Les manifestations se sont bien déroulées à peu près partout en France et c'est important de le souligner » a précisé le chef du gouvernement.
Ce vendredi 6 décembre, la grève devrait perturber encore les transports. La SNCF précise que 90 % des TGV et que 70 % des liaisons régionales seront annulées. La compagnie Air France a annoncé jeudi l'annulation de 30 % de ses vols intérieurs et de près de 10 % de ses vols moyen-courrier de vendredi. Reconduction de la grève également à la RATP, la régie de transports parisiens jusqu'à lundi, 11 lignes de métro étaient fermées aujourd'hui.
■ Importante mobilisation à Marseille
De très nombreux blocages de dépôts, pétroliers et raffineries ont commencé jeudi au dépôt de Fos. Le blocage total a pris fin cette nuit pour donner suite à des mouvements intermittents de quelques heures par jour. Le site d'une capacité de 860 000 mètres cubes approvisionne la moitié de la France.
Blocage total à l’inverse à la raffinerie de biocarburant et zone de stockage de la Mède, jusqu’au 9 décembre. Avec une capacité de 150 camions par jour qui alimentent les stations Total des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, mais aussi des trains qui partent vers Toulouse. Des assemblées générales sont prévues le 9, pour décider de la suite. Des pompes à essence ont été prises d’assaut en conséquence.