Liban: la toile s’enflamme après l’arrestation d'enfants

De violents affrontements entre des manifestants et des sympathisants du mouvement Amal et du Hezbollah chiites ont éclaté dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 novembre, près du centre-ville de Beyrouth. Ces affrontements interviennent au lendemain d’un tollé provoqué sur les réseaux sociaux après l’arrestation de plusieurs jeunes libanais, dont trois mineurs.

De notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

Il s’agit des plus graves incidents depuis le début du mouvement de contestation, le 17 octobre. D’importants renforts ont été déployés par l’armée et la police pour tenir à l’écart les partisans des deux bords qui se sont affrontés pendant des heures à coups de pierres et de projectiles divers.

Cette montée de la tension intervient au lendemain d’un tollé provoqué sur les réseaux sociaux après l’arrestation de plusieurs jeunes libanais, dont trois mineurs, accusés d’avoir arraché des affiches du Courant patriotique libre, le parti fondé par le président de la République.

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L’incident s’est produit à Hammana, une localité du Mont-Liban, où cinq jeunes gens, dont trois mineurs âgés de 12 et 15 ans, ont été arrêtés par la police municipale et remis à la police militaire, sur ordre d’un procureur. Après avoir été entendus et retenus pendant plusieurs heures, ils ont été remis en liberté dans la nuit de samedi à dimanche.

Vif émoi sur les réseaux sociaux

Cette affaire a provoqué un vif émoi sur les réseaux sociaux, où les internautes se sont déchaînés contre ce qu’ils ont qualifié de répression inadmissible. Certains ont rejeté ce qu’ils ont appelé la dictature, comme la journaliste Kim Ghattas, qui a dénoncé dans un tweet que les services de sécurité servent un parti et non pas une institution.

D’autres ont établi un parallèle entre ces interpellations et l’arrestation, au début de la crise syrienne, en 2011, de plusieurs adolescents qui avaient inscrit des slogans hostiles au président syrien sur le mur d’une école dans la ville de Deraa.

Un appel a été lancé pour que les affiches de tous les partis politiques, rejetés par le mouvement de contestation, soient arrachées partout au Liban. Cette initiative a été lancée par l’une des figures de la contestation, Nizar Saghiyé, sur sa page Facebook. Cet avocat, très actif depuis le début de la contestation, a sommé les leaders et les partis politiques de retirer eux-mêmes leurs photos et leurs affiches, les accusant d’occuper illégalement l’espace public.

S’ils n’obtempèrent pas, des milliers d’enfants s’en chargeront. Son post a fait le tour de la Toile. Déjà, à Tripoli, au Nord Liban, les manifestants avaient arraché systématiquement des centaines de portraits de leaders et de notables qui couvraient les murs de la ville.

Intégrité des mineurs

Des associations ont cependant critiqué la manière avec laquelle cet incident a été abordé sur les réseaux sociaux et traités par certains médias. L’association Kafa, qui lutte contre la violence et l’exploitation faites aux enfants, a dénoncé la publication des photos des adolescents arrêtés. Elle a appelé les internautes à respecter l’intégrité des mineurs, stipulée dans les conventions internationales de protections des droits de l’enfance.

Le collectif des avocats du mouvement de contestation a aussi demandé que les noms des adolescents ne soient pas publiés, par respect pour leur vie privée. Cela n’a pas empêché des milliers d’usagers de Facebook, Twitter et les réseaux sociaux de partager les portraits et de divulguer l’identité des jeunes garçons.

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