Avec nos correspondants à Beyrouth, Laure Stephan et Paul Khalifeh
La rue était au peuple ce 22 novembre au Liban. De Beyrouth à Tripoli, en passant par Saïda et d’autres villes, le mouvement de contestation, qui se poursuit depuis le 17 octobre a gagné son pari. La forte mobilisation populaire a éclipsé la célébration officielle organisée le matin au ministère de la Défense, dans une banlieue de la capitale.
La journée s’est déroulée sans incident et a été marquée par de nombreuses activités qui ont attiré des foules nombreuses. Le point d’orgue des célébrations populaires a été le « défilé civil » dans le centre-ville de Beyrouth et celui de Tripoli, la deuxième ville du pays, au Nord.
L'heure était à la fête ce vendredi soir dans le centre de Beyrouth. Des milliers de personnes étaient rassemblées places Riad el-Solh et des Martyrs au rythme de la musique et des feux d'artifice.
Vers 18h, les manifestants ont allumé une bougie symbolisant la paix et l'indépendance. Dans la foule, un couple de retraités confiait son émotion de célébrer pour la première fois cette fête nationale de façon populaire. Ils n'étaient encore jamais descendus rejoindre le mouvement de contestation qui dure depuis cinq semaines.
Le mouvement avait appelé à une grande parade civile à laquelle se sont jointes différentes professions. Cette marche restera comme le moment fort de la journée.
Autre point fort, la marche des expatriés. Des dizaines de Libanaises et de Libanais venus spécialement des quatre coins du monde, ont eu droit à un accueil triomphal dans le centre de la capitale.
En fin de journée, l’emblème de la révolte, un poing géant fermé, incendié à l’aube par des inconnus, avait de nouveau repris sa place, sous les acclamations de la foule.
En soirée, la fête nationale qui a pris des airs de grande kermesse s’est transformée en concert en plein air, animé par le plus célèbre DJ du pays, Rodge
Le traditionnel défilé militaire organisé chaque année dans le centre-ville de Beyrouth, occupé depuis plus d'un mois par les manifestants, a quant à lui été annulé. À la place, les responsables politiques ont assisté à un défilé symbolique dans une caserne de la banlieue est de la capitale, indique notre correspondant
L'hymne national a résonné tout au long de la journée. « Ce n'est pas un moment de revendication, mais un moment de fête », expliquait un étudiant, néanmoins déterminé à poursuivre la mobilisation alors que la crise s'aggrave dans le pays.