Édouard Philippe et plusieurs ministres de poids ont officialisé ce jeudi matin une batterie de 23 mesures pour la Seine-Saint-Denis, un département qui cumule d'importantes difficultés. Ce plan s’appuie sur un rapport parlementaire remis en 2018 qui dressait un constat sévère sur la gestion de ce territoire sinistré du nord de Paris.
« Nous voulons faire en sorte que le refus de l’assignation à résidence, la promesse qui est faite à chacun de réussir sa vie, soit effectivement possible pour tous ceux qui vivent, grandissent, s’installent et choisissent ce département », a justifié le Premier ministre.
Une prime de 10 000 euros
La mesure la plus emblématique concerne le versement d’une prime de 10 000 euros aux agents de l’État, à condition qu’ils restent au moins cinq ans en poste.
Édouard Philippe a également annoncé le recrutement de 150 nouveaux policiers. Ainsi, 50 policiers supplémentaires se répartiront dans deux quartiers, à Saint-Ouen et La Courneuve, dans le cadre de la police de sécurité du quotidien. Et 100 postes d'officiers de police judiciaire seront déployés à l’horizon 2021. Les commissariats d'Aulnay-sous-Bois et d'Épinay-sur-Seine seront rénovés d'ici 2023 avec un budget de 30 millions d'euros, et l’extension du tribunal de Bobigny réalisée pour 2026. Par ailleurs, pour accélérer une chaîne judiciaire obstruée, 35 postes de greffiers et 12 de magistrats seront créés.
Le plan du gouvernement prévoit également l’attribution d’une enveloppe de 20 millions d’euros afin de financer des investissements immobiliers pour le secteur éducatif. Un dispositif de « pré-recrutement » de 500 enseignants sera par ailleurs mis en place. Il s’agira de financer les études d’étudiants boursiers du département qui s’engageront en retour à travailler sur place.
« Un premier pas »
Sur l'aspect sanitaire – qui ne figurait pas dans le rapport parlementaire – cinq inspecteurs en charge du contrôle des logements indignes seront recrutés. Seulement deux sont actuellement en poste, alors que potentiellement, 10 % de l'habitat est insalubre.
Clémentine Autain, députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis, salue « un premier pas ». Il faut un « plan de rattrapage dans la durée », insiste-t-elle. « Il y a un certain nombre d’avancées réelles notamment cette prime de fidélisation pour les agents de l’État, mais il faudra y regarder de plus près, prévient le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, prudent. Est-ce qu’elle va bénéficier aux fonctionnaires en place ? Est-ce qu’elle va être étendue aux agents hospitaliers ? Alors qu’on sait qu’en matière de santé, le territoire de Seine-Saint-Denis est un désert médical. » Et Stéphane Troussel de conclure : « Il reste encore beaucoup à faire pour rétablir les conditions de l’égalité dans ce territoire de la Seine-Saint-Denis ».