Ils étaient plusieurs dizaines d'enseignants et de parents d'élèves à se retrouver ce matin devant la gare RER de Pantin, en mémoire de Christine Renon. Lundi 23 septembre au petit matin, la gardienne de l'école Méhul avait découvert le corps de cette femme de 58 ans dans le hall de l'établissement.
Deux jours plus tôt, juste avant de se donner la mort, cette directrice décrite comme « hyper investie » avait adressé à une trentaine de ses collègues une lettre de trois pages dans laquelle elle racontait « son épuisement », la solitude des directeurs, l'accumulation de tâches « chronophages », les réformes incessantes et contradictoires.
Pour Manon et Marion, deux jeunes enseignantes du collège Jean-Jaurès de Pantin venues assister à cet hommage, l'histoire de Christine Renon résonne dans tout le corps enseignant. « Nous aussi on travaille dans de mauvaises conditions et on se dit que ça peut arriver à n'importe quel collègue », confient-elles, évoquant un sentiment de ne « pas être considérés ». Les deux professeures rapportent des situations qui se dégradent, du personnel non remplacé et des gens « qui n'en peuvent plus ».
Pancarte à la main, Anne-Laure, enseignante au collège Joliot-Curie de Pantin, est venue ce matin pour dire sa colère contre l'Éducation nationale. « Je trouve que la manière dont l'institution a traité ça est révoltante. Comment peut-on ne pas vouloir s'exprimer là-dessus ? C'est quand même dramatique », s'emporte-t-elle.
Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer à annoncé ce jeudi matin la mise en place « d'un comité de suivi » chargé de faire évoluer les prérogatives de la fonction de directeur d'établissement. Selon le SNUipp-FSU, le premier syndicat du primaire, la moitié des écoles de Seine-Saint-Denis devaient être fermées ce jeudi, jour des obsèques de Christine Renon. Une pétition lancée par une intersyndicale réclamant « une tout autre qualité de vie au travail » avait recueilli ce jeudi plus de 85 000 signatures.