Le gouvernement veut créer un régime universel, pour remplacer les 42 systèmes qui co-existent actuellement. Ce que craignent les salariés de la RATP, et ils ne sont pas les seuls, c'est que les avantages qu'ils ont aujourd'hui disparaissent.
Certains salariés qui travaillent dans les souterrains, par exemple, s'ils ont cotisé assez longtemps, peuvent partir dès 52 ans. Pour d'autres, c'est 57. Ce régime spécial a déjà été abîmé par les précédentes réformes, il doit progressivement s'aligner sur le régime général, mais les salariés de la RATP craignent que le texte à venir n'aille encore plus loin. Même si le gouvernement promet qu'il tiendra compte des spécificités et de la pénibilité des différents métiers. Les salariés de la RATP ne croient pas dans ce discours, ils ont donc décidé de passer à l'action.
Les salariés passent à l'action très tôt
Les salariés de la RATP ne croient pas dans le discours du gouvernement. Ils ont donc décidé de passer à l'action, à l'appel des trois syndicats représentatifs de la régie autonome des transports parisiens : Unsa, la CGT et la CFE-CGC. C'est vrai qu'ils sont les premiers à dégainer, et leur grève a un peu surpris tout le monde.
Cette réforme des retraites, elle est annoncée de longue date, les consultations ont commencé il y a un an et demi, et le projet de loi final sera présenté à l'Assemblée d'ici l'été prochain. Ce qui laisse encore neuf mois au gouvernement, au patronat, et aux syndicats pour discuter.
Des syndicats qui, tous secteurs confondus, ont déjà exprimé leurs inquiétudes et, pour certains, programmé des manifestations. Avec cette première grève, un « premier coup de semonce », les salariés de la RATP veulent aller plus vite, plus fort, afin de peser d'ores et déjà sur les discussions.
« La goutte d'eau qui fait déborder le vase »
Bertrand Hammache est le secrétaire général CGT de la RATP, il explique l'ampleur de la mobilisation des employés de l'entreprise publique.
« C’est la goutte d’eau presque qui fait déborder le vase à la RATP. La RATP, c’est une entreprise qui est en bonne santé, mais qui travaille à une transformation. La direction qu’on a actuellement, elle a pour mission de transformer cette RATP pour en faire une entreprise, je dirais, classique avec la question de l’ouverture à la concurrence des lignes de bus en 2025. Donc une filialisation. Donc des filiales, des centres de bus entiers qui deviendront des filiales de droit privé et pas public. Donc des travailleurs qui sont dans des filiales tout en étant à la RATP mais hors statut. La pression sur les salariés, l’avenir qui comme ça qui n’est pas très engageant, en tout cas anxiogène pour les travailleurs, fait que cette réforme des retraites elle en rajoute encore. Et après, il y a le phénomène bien sûr de la construction de la mobilisation, de l’unité syndicale qui fait que ça rassure aussi les salariés, qu’on n’est pas dans la division, qu’on est vraiment dans le rassemblement et que le mot d’ordre est qu’on est contre cette réforme-là et contre le régime à point. Donc là on arrive à un trop plein chez les travailleurs à la RATP qui fait qu’ils ont répondu présent et que dans l’absolu la peur a changé de camp. »