Près de 200 personnes se sont rassemblées ce dimanche devant le CHU de Reims, où est hospitalisé Vincent Lambert. Elles sont venues soutenir les membres de sa famille qui s'opposent à l'arrêt des soins, validé fin avril par le Conseil d'Etat, pour que l'homme tétraplégique dans un état végétatif depuis dix ans puisse continuer à vivre. « La vie pour Vincent, la vie pour Vincent », scandent-elles.
Un bouquet de fleurs à la main, sa mère, Vivianne Lambert, prend la parole. « Vincent n'est pas en fin de vie. Je demande à ce que Vincent soit transféré dans des unités spécialisées. Il est enfermé à clé dans le couloir de la mort », dénonce-t-elle. « Ils sont en train de le tuer. C'est de l'euthanasie déguisée. » Mais elle ne perd pas espoir. « On se battra encore », promet-elle. Sa voix s'étrangle : « Vincent vivra, j'en suis sûre. Je suis sa maman, j'ai le droit de le défendre. » à côté d'elle, ses soutiens entonnent des chants religieux.
Six ans de bataille judiciaire
Cela fait six ans que la famille Lambert se déchire devant les tribunaux. D'un côté, ses parents ainsi qu'un frère et une soeur, farouchement opposés à l'arrêt des soins. De l'autre, son épouse Rachel, six frères et soeur et son neveu, qui dénoncent un acharnement thérapeutique.
Les premières procédures datent de 2013, cinq ans après l'accident de la route qui a plongé le jeune infirmier dans un état végétatif, jugé irrémédiable par les médecins dès 2011. En avril 2013, l'hôpital engage un protocole de fin de vie en accord avec son épouse. Mais le mois suivant, un tribunal administratif constate que les parents n'avaient pas explicitement été informés de la décision des médecins et ordonne de rétablir son alimentation.
Au cours des années suivantes, quatre procédures d'arrêt des soins sont décidées par les médecins, mais suspendues par la justice. Jusqu'à ce que le Conseil d'État valide le 24 avril dernier une décision du tribunal administratif autorisant la procédure, sur la foi d'une nouvelle expertise médicale qui a conclut que l'état végétatif de Vincent Lambert est bien irréversible.
Un comité de l'ONU, saisi par les parents, a certes redemandé vendredi à la France de suspendre toute décision dans l'attente d'une instruction sur le fond, mais cet avis n'a pas de caractère contraignant. Les avocats des parents ont donc annoncé qu'ils déposeraient d'ultimes recours ce lundi, sans toutefois préciser devant quelle juridiction. Si l'arrêt des traitements est enclenché, ils envisagent de poursuivre le docteur Sanchez, médecin en charge de Vincent Lambert, pour homicide.