[Reportage] Grève des fonctionnaires: les soignants des urgences craquent

Ce jeudi 9 mai, toutes les organisations syndicales ont appelé à une journée d'action dans la fonction publique. Parmi les secteurs particulièrement concernés, l'hôpital public et notamment les urgences. Depuis la semaine dernière, les syndicats CGT et Sud Santé ont déposé un préavis de grève nationale illimitée, spécifique aux services d'urgence et au Samu. Ils réclament de meilleures conditions de travail.

Trois heures après son admission aux urgences de l'hôpital Saint-Joseph à Paris, cette patiente attend toujours d'être examinée par un médecin. À la question : êtes-vous satisfaite de votre prise en charge ? Sa réponse est mitigée : « J’ai envie de vous dire oui et non, parce qu’en fait pour ma première prise en charge, on s’est bien occupé de moi. Mais, ensuite, on n’a pas été attentif à toutes mes blessures ».

Longue attente aussi pour cet homme qui accompagne son épouse mais qui se dit compréhensif vis-à-vis du personnel : « Le personnel essaie vraiment de faire ce qu’il peut mais ils ne sont clairement pas assez nombreux. J’ai attendu cinq heures avant d’avoir même ne serait-ce que des nouvelles de ma femme ».

Plus d'effectifs, c'est ce que réclament, entre autres, les personnels du service d'urgence de l'hôpital Saint-Antoine de Paris, en grève depuis bientôt deux mois. « On veut du personnel, on veut des moyens pour travailler dans de bonnes conditions et en toute sécurité », explique Aicha Haccoun, de la CGT Santé.

Une insécurité grandissante aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine, comme l'indique cette aide-soignante : « On travaille dans l’insécurité aussi bien pour nous que pour les patients. Et aujourd’hui, on en a marre, parce qu’il y a eu une grosse agression. Il y en a eu dix depuis le mois de janvier. On dit "Stop" ».

Vingt services d'urgence sur les 25 que compte l'AP-HP sont en grève. Ils continuent tout de même de prendre en charge les patients.

 

Les trois revendications mises en avant dans le cadre de ce préavis de grève sont : « Des effectifs supplémentaires, sur la base d’un référentiel professionnel élaboré par des médecins. Il faut savoir que l’on a pris un tel retard. Rien que pour les services de l’Assistance publique, il faut créer 700 emplois pour les 17 services de l’Assistance publique si on veut être dans les normes. Il y a aussi une prime de 300 euros net pour chacun des agents. Et la troisième revendication est autour de la question des lits. On appelle ça, dans notre jargon, "zéro hospitalisation brancard". C’est-à-dire que quand la décision d’hospitalisation a été prise par le médecin, il faut qu’il y ait un lit et que le patient puisse y être dans un délai raisonnable, c’est-à-dire l’heure, l’heure et demie », détaille Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et responsable de la CGT.

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