Le journaliste Gaspard Glanz, interpellé samedi lors de l'acte 23 des « gilets jaunes », s'est vu remettre lundi une convocation pour être jugé le 18 octobre au tribunal de Paris. D'ici cette date, il a pour interdiction de paraître à Paris tous les samedis et le 1er mai, mais après sa libération le journaliste a déja assuré qu'il reviendrait « pour faire son métier ».
Gaspard Glanz, à la tête d'une société de production, sera jugé pour « outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique », selon Maître Raphaël Kempf et le parquet de Paris.
Sur Twitter, Me Kempf a annoncé qu'il allait « contester » cette décision qui « porte atteinte à la liberté de la presse et à celle de travailler », Gaspard Glanz s'étant spécialisé dans la couverture de mouvements sociaux et notamment de celui des « gilets jaunes ». Le journaliste avait été placé en garde à vue samedi après avoir été interpellé place de la République.
Sur une vidéo diffusée sur YouTube, on le voit interpeller les forces de l'ordre place de la République et affirmer avoir été visé par une grenade de désencerclement. Le journaliste leur fait ensuite un doigt d'honneur après avoir été poussé par un policier.
Alexis Kraland lui aussi interpellé
« On est choqués par la répression générale qui s'abat sur beaucoup de journalistes depuis le début du mouvement des “gilets jaunes” », a déclaré ce lundi Dominique Pradelié, secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ), devant le commissariat du XIIe arrondissement de Paris où se déroulait la garde à vue de Gaspard Glanz. « Des dizaines de plaintes ont été déposées par des journalistes contre des forces de l'ordre », a-t-elle ajouté, estimant que l'arrestation de Gaspard Glanz était « inadmissible ».
Un autre journaliste indépendant, Alexis Kraland, a lui aussi été interpellé ce samedi, mais il a été libéré dans la soirée après avoir fait l'objet d'un rappel à la loi, selon le parquet.
Les syndicats de journalistes dénoncent des atteintes à la liberté d’informer
Dans un communiqué, le SNJ-CGT a estimé que le pouvoir cherchait « à intimider les journalistes en les empêchant d'informer les citoyens de ce pays ».
La CFDT-journalistes a pour sa part demandé que « des enquêtes soient menées en interne par l'inspection générale de la police nationale et que les résultats en soient rendus publics ». Le syndicat affirme étudier « la possibilité de saisir le Défenseur des droits dans le cadre de ses compétences sur le respect de la déontologie par les professionnels de la sécurité ».
Plusieurs journalistes blessés pendant l’acte 23
Plusieurs journalistes ont été blessés ce samedi lors des manifestations. À Toulouse, deux journalistes ont été touchés par une « grenade de désencerclement », selon leur témoignage ou celui de leur employeur.
À Paris, un photographe de l'Agence France-Presse « a reçu une grenade lacrymogène dans les jambes » et a « pris un coup, hors action » de la part d'un policier, a indiqué son rédacteur en chef photo France Olivier Morin.
Une vidéaste de l'AFP a également indiqué que sa chaussure avait pris feu après le tir d'une grenade de désencerclement. Elle a été prise en charge par des « street medics ».
(avec AFP)
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