Après deux heures et demie de synthèse des multiples doléances exprimées par les près d'1,5 million qui ont participé sous une forme ou une autre aux consultations, le Premier ministre Édouard Philippe a détaillé ce qu'il retient du grand débat, une « immense exaspération fiscale » : « Notre pays a atteint une tolérance fiscale zéro, je ne sais pas si on peut l'appeler comme ça. Mais c'est souvent comme ça qu'elle est exprimée. Les débats nous indiquent clairement la direction à prendre. Nous devons baisser, et baisser plus vite les impôts »
Le Premier ministre prend note aussi de la demande d’une démocratie plus délibérative, de services publics plus proches des citoyens, et celle d’une réponse plus forte face à l’urgence climatique.
Des grandes orientations, mais aucune mesure annoncée : c’était le temps de la restitution et des remerciements à tous ceux qui ont participé à cette consultation : « Ces réunions ont fait honneur à leurs participants. Elles ont fait honneur au débat démocratique, en étant très loin des exemples de violence que d'autres se complaisent à donner chaque samedi », une allusion aux « gilets jaunes », deux mots jamais prononcés pendant ces trois heures de synthèse. Leurs revendications majeures, comme le retour de l’impôt sur la fortune, ne ressortent pas comme des priorités des participants au Grand Débat.
► ANALYSE
Le « permis de réformer » d'Emmanuel Macron
Sortir des revendications des « gilets jaunes » en demandant leur avis aux Français. C'était l'objectif d'Emmanuel Macron pour sortir de l'ornière. À l'issue des trois mois de débat, mission accomplie : les totems des manifestants sont balayés par les près de 2 millions de contributions recueillies.
Le gouvernement va maintenant pouvoir faire son marché parmi les multiples propositions des consultations. Certaines rejoignent ce qu'il veut faire : la baisse des impôts, la réduction des dépenses publiques ou encore la réforme des Assemblées.
Le Premier ministre s'est bien gardé d'en dire plus au Grand Palais, alors qu'Emmanuel Macron n'a pas encore arrêté ses choix. La synthèse du « Grand Débat » lui offre une belle carte politique. Une sorte de « permis de réformer », sans réelle contrainte. Un permis avec lequel il espère faire redémarrer son quinquennat.
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