Au bout de cinq mois de manifestations dans toute la France, les « gilets jaunes » restent mobilisés. À Paris, deux manifestations étaient prévues et déclarées en préfecture, formant une croix sur la capitale : la première, relayée notamment par Eric Drouet, l'une des figures désormais célèbre du mouvement, allant de la place de la République jusqu'au quartier des affaires de la Défense - tout à l'ouest - pour dénoncer « l'art de l'optimisation fiscale ». La deuxième, à l'appel notamment de Sophie Tissier, autre personnalité des « gilets jaunes », partait de la gare Montparnasse pour rallier le bassin de la Villette, au nord-est.
Interdictions de manifester reconduites
Les interdictions de manifester sur les Champs-Elysées, la place de l'Etoile, ainsi que dans un vaste périmètre comprenant l'Elysée et l'Assemblée nationale, ont été reconduites par le préfet de police pour la troisième semaine de suite, après les débordements du samedi 16 mars, qui avait vu 1 500 « ultra violents », selon le gouvernement, saccager la célèbre avenue et ses abords. Dans le reste de la capitale, « le droit de manifester, qui est une liberté fondamentale, pourra s'exercer librement », assurait la préfecture qui n'excluait pas « des déambulations erratiques dans Paris ou des départs en cortèges sauvages pendant ou à l'issue de la dispersion ».
« Suivre impérativement l'itinéraire fixé »
Les autorités invitaient les participants « à suivre impérativement l'itinéraire fixé, à se désolidariser des groupes de personnes se masquant et s'apprêtant à commettre, ou commettant des violences et/ou des dégradations ».
Ailleurs en France, d'autres manifestations étaient relayées sur les réseaux sociaux, comme à Rouen, Lyon, Dijon, Nice, Nantes, Montpellier, Bordeaux ou encore Toulouse. A Bort-les-Orgues en Corrèze, une manifestation était prévue pour protester contre la privatisation de barrages dans la région. Des arrêtés d'interdiction de manifester dans les centres-villes d'Auxerre et de Bourg-en-Bresse avaient par ailleurs été pris. A Saint-Nazaire enfin, en Loire-Atlantique, 500 « gilets jaunes » venus de toute la France, selon les organisateurs, sont attendus de vendredi à dimanche pour la seconde « Assemblée des assemblées ». Au programme : groupes de travail et assemblées plénières pour discuter notamment de la « communication interne et externe », de l'attitude « face à la répression » et des « revendications ».
L'article 3 retoqué
Jeudi 4 avril, le Conseil Constitutionnel a retoqué l'article 3 de la loi anticasseurs, celui là-même qui permettait de prononcer des interdictions administratives de manifester contre toute personne présentant une « menace d'une particulière gravité pour l'ordre public ». Si les Sages ont jugé conformes à la Constitution les fouilles de sacs et de véhicules aux abords des cortèges et la création du délit de dissimulation volontaire du visage, ces mesures ne s'appliqueront pas samedi, faute de décret d'application publié au Journal officiel.
A 19h, le ministère de l'Intérieur a annoncé une participation de 22 300 manifestants en France, soit la plus faible participation depuis le début du mouvement. Il y a une semaine, l'acte XX avait rassemblé 33 700 personnes, dont 4 000 à Paris, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur régulièrement contestés par les « gilets jaunes » qui, de leur côté, ont revendiqué, selon la page Facebook du « Nombre jaune », 105 084 manifestants pour 225 actions recensées.
(avec AFP)