France: en Corse, Emmanuel Macron répond aux nationalistes

Emmanuel Macron a choisi le village de Cozzano en Corse comme dernière étape de sa tournée des régions en 80 jours dans le cadre du grand débat. Le président français est venu à la rencontre des élus locaux corses, une région dotée d'une certaine autonomie mais toujours aux prises avec une forte revendication indépendantiste. Un dossier qui a dominé les échanges de ce grand débat. Les dirigeants nationalistes de l’île Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni avaient décidé de boycotter la rencontre, mais Emmanuel Macron a saisi l’occasion pour répondre à leurs critiques.

Avec notre envoyée spéciale à Cozzano, Valérie Gas

C’est un élu estampillé La République en Marche (LREM), Jean-Baptiste Luccioni, le maire de Pietrosella, qui s’est fait le porte-voix des Corses qui ont regretté les paroles d’Emmanuel Macron lors de l’hommage au préfet Erignac en 2018 à Ajaccio. « J’ai mal vécu votre première visite présidentielle parce qu’il y a eu des mots qui ont contribué à ne pas construire le chemin de la paix », a-t-il lancé.

Mais pas question pour Emmanuel Macron de céder quoi que ce soit sur la condamnation de ce crime. Au contraire, le président estime que ceux qui défendent l’identité corse doivent faire un travail mémoriel. « Tant que dans cette part d’histoire certains n’auront pas le courage de dire c’est une plaie et que la souffrance de la famille Erignac est aussi la nôtre, ils feront bégayer l’histoire », a répondu le chef de l’État.

Une réponse à distance aux attaques des dirigeants nationalistes de l’île, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, absents du débat, et auxquels il envoie un message. « Je ne veux pas tomber dans le piège de posture. Je pense que les Corses méritent mieux que des guerres de tranchées, a-t-il estimé. Les Corses, ils ont besoin de solutions concrètes pour que la vie s’améliore. »

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Emmanuel Macron a affirmé qu’il voulait avancer avec les Corses et a rappelé qu’il avait accepté l’inscription de la spécificité corse dans la Constitution. « La reconnaissance de cette spécificité qui est un chemin vers la possibilité d’adapter des normes dans le cadre de ses compétences, ça s’appelle l’autonomie dans la République, mais je n’ai jamais dit que j’étais pour l’autonomie sans la République », a-t-il tranché. Une nouvelle fois Emmanuel Macron a réaffirmé le cadre dans lequel il était prêt à négocier.


■ Quelles suites pour le grand débat national ?

En parallèle des débats menés par le président, environ 1,5 million de Françaises et de Français ont participé à l'opération, selon le gouvernement. Cette opération grand débat aura coûté environ 12 millions d'euros. Le plus difficile arrive : il faut maintenant conclure.

Il y aura deux temps : d'abord le temps de la restitution. Il s'agit de compiler et d'analyser les comptes-rendus de débats, ainsi que les notes écrites par les citoyens sur internet ou sur les cahiers de doléances ouverts dans plusieurs milliers de mairies. Les conclusions seront dévoilées lundi par les organisateurs et les garants du grand débat. 

Le lendemain, le Premier ministre Edouard Philippe détaillera devant l'Assemblée nationale quelques grandes lignes pour la suite. Mais c'est bien Emmanuel Macron qui se réserve l'essentiel des annonces. « C'est à lui d'ouvrir l'acte 2 de son quinquennat », glisse l'un de ses interlocuteurs. Un acte dont les grands axes sont encore très flous. 

Emmanuel Macron a ouvert quelques portes et en a fermé d'autres, notamment l'annulation de la réforme de l'impôt sur la fortune. Mais il est surtout resté très vague sur ces intentions. « Les arbitrages ne viendront qu'au dernier moment », soupire un député de la majorité. Les choix du président feront forcément des déçus. Emmanuel Macron prépare déjà les esprits : « Nous ne résoudrons pas toutes les frustrations et les insatisfactions », prévient le Président.

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