Européennes: les initiatives se multiplient pour inciter les jeunes à voter

« Tinder » électoral, débats, actions de rue : à moins de trois mois des élections européennes, le 26 mai, associations et organisations multiplient les initiatives pour mobiliser les jeunes, qui boudent habituellement ce scrutin.

En 2014, la grande gagnante des élections européennes a été l’abstention, en particulier chez les jeunes. En France, 74% des 18 à 24 ans ne se sont pas déplacés, selon Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'institut de sondage Ifop.

Pourquoi votent-ils si peu lors de ce scrutin ? « Il y a clairement une crise de confiance, d’intérêt envers les institutions traditionnelles », estime Hervé Moritz, président des Jeunes Européens. « Il faut convaincre les jeunes que par leur vote, ils peuvent avoir un impact sur les causes qui les intéressent ».

Faire entrer les jeunes dans le débat

Le Forum français de la jeunesse (FFJ), structure rassemblant 18 organisations gérées par des jeunes de moins de 30 ans, entend ainsi mettre en avant la parole des jeunes. Lors d’une soirée organisée le 5 mars, dans le cadre de la campagne « Les jeunes (re)font l’Europe ! », le FFJ a présenté ses 15 propositions pour l’Europe, en présence de Gabriel Attal, secrétaire d’État à la jeunesse.

Ces propositions sont le résultat d’une campagne participative (débats, ateliers thématiques, etc.) lancée en mai 2018. « Plutôt que l’injonction de voter, il faut "conscientiser", en contextualisant et problématisant les enjeux pour que les jeunes réfléchissent d’abord. Cela a permis de soulever des questionnements et de faire émerger des propositions », souligne Anthony Ikni, délégué général du FFJ.

Le FFJ a aussi lancé en février le site Bouscule La Politique, une place-forme participative permettant aux internautes, sur la base des propositions, d’interpeller sur les réseaux sociaux les têtes de liste des différents partis.

Informer sur l’impact de l’Union européenne au quotidien

« La plupart des politiques au niveau européen sont de long terme, elles mettent du temps à se mettre en place. Elles auront un impact sur la vie des jeunes, plus que sur celle de leurs parents ou grands-parents », souligne Hervé Moritz, président des Jeunes Européens.

Pour sensibiliser sur ces enjeux, l’association lance, le 17 mars, sa campagne #MonVoteMonEurope. Elle s’articulera autour de trois volets : des actions pédagogiques, notamment auprès de primo-votants; des campagnes de communication et des actions de rue pour inciter les jeunes à voter; des débats thématiques et des soirées électorales pour porter « 20 priorités pour l’Europe de demain » dans le débat public.

Orlane François, présidente de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), juge également qu'il y a une méconnaissance du fonctionnement de l’Union européenne. « On va renforcer nos campagnes de communication dès la mi-mars, pour expliquer, très concrètement, l’impact de l’Europe dans la vie de tous les jours », déclare-t-elle.

Un « Tinder » électoral pour découvrir les programmes politiques

La Fage présentera fin mars son livre blanc sur « Les jeunes et l’Europe », contenant 39 propositions, avant de le remettre aux candidats aux Européennes. Une plate-forme sera aussi lancée prochainement pour accéder à des vidéos explicatives sur l’Union européenne, ainsi qu’à des comparatifs des différents programmes politiques.

Plus original, l’association Vote&Vous lancera, deux semaines avant le vote du 26 mai, un site inspiré de l’application de rencontre Tinder. Il permettra aux internautes de découvrir les partis les plus proches de leurs idées.

« On aura une trentaine de propositions, simples et clivantes. Il faudra répondre "oui", "non" ou "indifférent". Un algorithme calculera le "matching" pour voir les affinités avec les programmes », détaille Coralie Schirru, chargée de mission à Vote&Vous.

L’association coordonne par ailleurs la rencontre transnationale Spread the vote, organisée par l’Agence fédérale allemande pour l’éducation politique, l’Office franco-allemand pour la Jeunesse et l’Office germano-polonais pour la Jeunesse, qui aura lieu du 24 au 27 avril à Strasbourg. Cette rencontre sera ouverte à près de 100 jeunes français, Allemands et Polonais, et visera notamment à les aider à développer des campagnes, via des formats créatifs, pour encourager la participation aux élections européennes.

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