Les petits sigles Lol, « laughing out loud » ou Mdr, «Mort de rire», qu’on utilise pour signer des commentaires narquois sur les réseaux sociaux, connaissent un regain d’intérêt depuis ce vendredi sur le réseau Twitter. La popularité du mot dièse#LigueDuLOL ne cesse d'enfler pour dénoncer les campagnes de cyber-harcèlement dont ont été victimes de nombreuses femmes, journalistes, politiques, militantes féministes ou encore blogueuses.
Au nombre des souffre-douleurs de la toile, la vidéaste et vulgarisatrice scientifique Florence Porcel qui a subi pendant des années un « harcèlement avilissant sur Twitter », faisant l’objet de publications de photos montages à caractère pornographique, d'un canular téléphonique humiliant mis en ligne sans son autorisation dans lequel un recruteur d’une chaîne de télévision lui proposait une embauche fictive.
Les excuses publiées aujourd’hui par leurs auteurs, bien que satisfaisantes, ne sont pas suffisantes, nous explique la vidéaste. Les faits sont maintenant prescrits, au regard de la loi cyber harcèlement a-t-elle indiqué sur Twitter, à la secrétaire d’Etat à l'Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa.
«Personnellement je suis assez soulagée d'avoir des excuses maintenant. Elles sont plus ou moins maladroites ou de mauvaise foi. Mais je suis très satisfaite de voir que les directions des différents journaux prennent des dispositions pour qu'il y ait des actions concrètes contre les harceleurs qui en l'occurence sont des journalistes. Il y a prescription pour quasiment tous les faits. en ce qui me concerne, c'est profondément injuste et insupportable. C'est pour ca que je me suis permis d'en parler à Marlène Schiappa lorsqu'elle a twitté son soutien aux victimes de la Ligue du LOL. J'ai dit que la prescription était quelque chose qui nous empêchait de porter plainte. Elle m'a répondu qu'elle en parlerait à la ministre de la Justice», raconte Florence Porcel.
Cinq journalistes, notamment des journaux Libération et des Inrocks, sont concernés par ces révélations. Certains ont été mis à pied pour les besoins des enquêtes internes, d’autres démissionnent ou font l’objet d’un licenciement pour faute grave. Ces harceleurs du web occupent aujourd'hui en effet des postes à responsabilité dans de grands médias nationaux. « L’esprit de camaraderie issu des agissements de ce groupe Facebook a plutôt servi la carrière d’une grande partie de ses membres » commente sur Twitter le journaliste Jules Darmanin. Et c’est peut-être là le fond du problème : un harcèlement en ligne qui conforte ses auteurs dans leur lâcheté, avec un sentiment d’impunité, surtout quand ils pratiquent leurs méfaits, quasi exclusivement en meute.
■ Que risquent les harceleurs ?
Si les faits sont avérés, les personnes mises en cause pourraient subir les conséquences de leurs actes surtout en matière de droit du travail. Plusieurs d'entre elles ont été mis à pied à titre conservatoire: c'est le cas notamment du responsable web du journal Libération ou encore de l'un des rédacteurs du site des Inrockuptibles. Une suspension qui n'est pas définitive : elle permet à l'employeur d'enquêter et de réfléchir à une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement disciplinaire. Mais dans le cas de la «Ligue du LOL», il faudrait prouver que les faits ont été commis depuis le lieu de travail.
En l'absence de plainte contre les anciens harceleurs il n'y a pas pour l'instant de suites judiciaires. Mais si tel était le cas, l'affaire se heurterait à 2 écueils : la prescription des faits, et le niveau de responsabilité de chacun des membres de la «Ligue du LOL». Le harcèlement sur internet est passible de 2 ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
→ Pour comprendre comment un échange de tweets devient un fait national, lire l'article de Reputatio Lab