Toujours très calme à la barre pendant près de trois heures, le cardinal Philippe Barbarin s'est attaché à démontrer à la cour qu'il n'était pas coupable des deux délits qui lui sont reprochés. Le premier est celui de non-dénonciation d'agression sexuelle sur mineur. Une agression qui lui avait été rapportée par la victime elle-même, mais alors devenue majeure, rappelle notre envoyé spécial à Lyon, Pierre Olivier.
Avant de s'expliquer, le cardinal Barbarin lance : « Je n'ai jamais, ô grand jamais, cherché à couvrir ces faits horribles qui m'étaient rapportés. » Alors pourquoi ne pas avoir saisi la justice, l'interroge la présidente. « Les faits étaient prescrits lorsqu'on me les a rapportés. Je me suis donc dit que la justice française ne pouvait plus rien faire », se justifie l'archevêque de Lyon.
Après la prescription des faits, le cardinal Barbarin avance une autre ligne de défense : c'est lui qui a pris l'initiative d'écrire à Rome pour demander à sa hiérarchie ce qu'il devait faire concernant le prêtre de son diocèse accusé de pédophilie. « Quand je ne sais plus quoi faire, c'est vers Rome que je me tourne », explique le prélat. Pour lui, c'était donc au Vatican de prendre la décision d'une éventuelle mutation du prêtre accusé, loin des enfants avec lesquels il était toujours en contact 25 ans après les premiers faits.
C'est ainsi que Philippe Barbarin se défend du deuxième délit dont il est accusé, celui d'omission de porter secours – dans ce cas précis à des enfants en péril. Un argumentaire qui semble toutefois ne pas avoir convaincu les plaignants à la fin de l'audience de ce lundi.
Le cardinal et ses cinq coprévenus comparaissent jusqu'à mercredi pour ne pas avoir dénoncé à la justice des abus sexuels commis par le père Bernard Preynat sur de jeunes scouts de la région lyonnaise entre 1986 et 1991. Ils encourent trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Le prêtre, mis en examen en 2016, pourrait quant à lui comparaître devant la justice cette année.