Pédophilie: ouverture du procès Barbarin pour «non dénonciation» d'agressions

L'actualité française de ce lundi est dominée par l'ouverture du procès du cardinal Philippe barbarin devant le tribunal correctionnel de Lyon. Le primat des Gaules, 68 ans, est jugé avec 5 autres ex-responsables de son diocèse pour non dénonciation de crimes pédophiles. Ils sont accusés d'avoir couvert le père Preynat mis en cause dans des agressions sexuelles sur de jeunes scouts à la fin des années 80 et au début des années 90. Tous encourent 3 ans de prison et 45000 euros d'amende. Le cardinal Barbarin était bien présent à l'ouverture.

Le cardinal Barbarin est entré dans le Palais de justice sous le crépitement des flash de dizaines de photographes et cameramen présents, rapporte notre envoyé spécial, Pierre Olivier. Entièrement vêtu de noir, le visage sombre, le cardinal Barbarin est entré dans la salle d’audience entouré de caméras et de micros. Il a prononcé ces mots : « Je répondrai à l’appel de la justice. C’est elle qui m’appelle aujourd’hui, je me présente à elle ».

Puis l’archevêque de Lyon s’est assis sur le banc des prévenus, le regard parfois levé vers le plafond, comme s’il voulait chercher un soutien venu du ciel. Puis il a joint ses deux mains devant son visage, donnant à plusieurs reprises l’impression de prier.

Face à lui, neuf parties civiles, uniquement des hommes âgés d’une quarantaine d’années. Ce sont eux qui sont à l’origine de la plainte. Ce sont eux qui reprochent au cardinal Barbarin et aux cinq autres hauts dignitaires de l’Eglise présents ce lundi, d’être restés silencieux. Silencieux face à leurs témoignages d’agression sexuelle par un prêtre du diocèse de Lyon.

Un « mécanisme du silence » dénonce l'association La parole libérée

Et ces victimes expliquent avant tout qu'elles attendent ce jugement, non pas pour leur satisfaction personnelle, mais pour que les choses changent et pour protéger tous les enfants qui pourraient encore être en contact avec des prêtres pédophiles. « On pense surtout aux victimes, à la fois de notre prédateur, mais aussi d’autres prédateurs qui, elles, n’ont pas pu parler, nous confie Alexandre Essez de l'association La parole libérée qui a recueilli les témoignages des victimes et porté plainte. C’est vrai que c’est aussi une chance. Et je pense que - enfin -, on va connaître la vérité d’un mécanisme du silence et savoir comment un prédateur sexuel a pu pendant cinquante ans exercer des responsabilités sans jamais avoir été inquiété ».

Les responsabilités sont globales, souligne encore Alexandre Essez, et il est important de savoir quelles sont les responsabilités à l’intérieur même de l’institution. « L’institution est responsable et, encore une fois, quand un mécanisme institutionnel du silence se met en place, il doit y avoir des responsables. Et le responsable ultime c’est Monseigneur Barbarin. C’est normal qui soit là pour répondre à des questions et enfin faire connaître la vérité de ce processus ».

Des victimes qui attendent donc que la justice condamne le silence de l’Eglise face à la pédophilie. Aux côtés du cardinal Barbarin, cinq autres hauts dignitaires de l’Eglise catholique comparaissent également.

Partager :