L'affaire a été rendue publique cet été lorsque le registre des malformations en Rhône-Alpes a révélé que plusieurs bébés ont vu le jour sans bras ou sans avant-bras dans le département de l'Ain (est). Cela ne concernait alors que sept naissances entre 2009 et 2014.
L'affaire est médiatisée après une enquête du quotidien Le Monde et de France 2. L'agence Santé publique France (SPF) est alors saisie. Elle rend au début du mois d'octobre un rapport indiquant que le nombre de cas répertoriés dans l'Ain n'est pas statistiquement supérieur à la moyenne nationale.
Pourtant, le registre des malformations en Rhône-Alpes contredit ces conclusions. Il précise que les sept cas signalés ont été identifiés dans un rayon de 17 kilomètres seulement autour du village de Druillat. Ils sont donc qualifiés de suspects parce qu'ils surviennent tous dans une zone très réduite.
150 naissances de bébés « sans bras » par an
Chaque année, ce sont près de 150 bébés qui naissent malformés. Ces cas ne sont pas répertoriés, il ne s'agit seulement que d'une estimation. En France, six registres sont chargés de repérer et de récolter des informations sur des cas de malformations à la naissance. C'est d'ailleurs celui de Rhône-Alpes qui a donné l'alerte.
Pendant la grossesse, le fœtus connaît ce que l'on appelle « un défaut de vascularisation du membre ». Les vaisseaux sanguins ne sont pas irrigués. La croissance normale du bras est donc impactée, il ne grandit pas. Sur les 18 cas suspects recensés, on ne connaît pas les raisons qui ont provoqué ce problème.
Dans son rapport, SPF écrit ne pas avoir trouvé de cause commune à ces malformations. Certains aliments, les médicaments, l'alcool, le tabac ou les produits toxiques présents dans l'environnement ont un impact sur le fœtus et son développement. Reste à savoir si ce sont eux qui sont bien en cause dans cette affaire.
Les pesticides évoqués
La ministre de la Santé assure ne vouloir fermer aucune piste. Agnès Buzyn évoque ainsi une possible cause environnementale, mais on s'intéresse également à ce que les femmes ont mangé ou respiré lorsqu'elles étaient enceintes.
Certains élus écologistes avancent la possibilité que des pesticides soient à l'origine de ces malformations. Pour l'instant, aucune étude scientifique ne vient confirmer cette affirmation. Le docteur François Bourdillon, directeur de Santé publique France, souhaite ainsi que l'on s'intéresse davantage à l'impact éventuel des pesticides sur les femmes enceintes.
Une enquête a été lancée à l'échelle nationale pour vérifier s'il existe d'autres cas et pour connaître les raisons de ces malformations. Ses résultats sont attendus sous trois mois, a annoncé François Bourdillon.
En ce qui concerne le département de l'Ain, SPF et l'Anses (l'Agence de sécurité sanitaire) ont été chargées d'enquêter sur les cas identifiés, de retourner voir les mères, les familles et essayer d'identifier des points communs. Mais la tâche s'annonce rude, prévient Agnès Buzyn, d’autant que certaines naissances remontent à plus de dix ans. Les résultats de cette enquête locale doivent être rendus publics le 31 janvier.