Avec notre envoyé spécial à Chaumont, Julien Chavanne
Il a déjà fait une trentaine de déplacements sur le prélèvement à la source, mais celui-là a une saveur particulière pour Gérald Darmanin. A Chaumont, le ministre se réjouit pour les agents des impôts (et aussi un peu pour lui).
« Je suis surtout particulièrement heureux pour les agents des finances publiques qui, peut-être, dans la semaine ont eu quelques interrogations, explique-t-il. Quand on travaille sur une réforme, quand on y met son cœur de fonctionnaire, on sait qu’il y a des moments où le pouvoir politique peut prendre des décisions, et elles sont tout à fait, bien sûr, légitimes de la part du président de la République et du Premier ministre. On est aussi attaché à son travail et je suis très heureux de les rencontrer tout à l’heure pour les remercier du travail très important qu’ils font au service des contribuables français. »
Deux jours après le feu vert d’Emmanuel Macron, le ministre des Comptes publics est venu ici pour présenter les ajustements décidés dans le bureau du président. L’acompte sur les crédits d’impôt est doublé à 60%, la situation des salariés à domicile est régularisée. Un report ou un abandon du prélèvement à la source aurait été, pour Gérald Darmanin, un désaveu.
Fragilisé pendant une semaine, l'ancien membre du parti Les Républicains a fait profil bas, et a évité la confrontation avec l’Elysée. Pour l’entourage du ministre, la séquence serait même positive. Il a montré qu’il maîtrisait son dossier, confie un de ses conseillers.
Inquiétude des associations
Mais les explications du ministre sont loin de rassurer les associations rencontrées. A quatre mois du grand changement, les associations ont beaucoup d’interrogations. Principale crainte : la réforme pourrait selon lui décourager les donateurs.
« Ça risque de freiner les dons, estime Philippe Rutard, trésorier de l’antenne locale du Secours catholique. Si le ministère ne communique pas suffisamment là-dessus, les associations risquent d’avoir une baisse sensible des dons en fin d’année 2018. »
Les 5,5 millions de Français qui versent de l’argent aux associations seront remboursés en deux temps, avec un premier acompte de 60% en début d’année. « Insuffisant » pour Christine Livné-Perrot. Elle dirige un réseau d’associations d’aides à domicile en Haute-Marne. « Il y a une année blanche en impôts, il y a une année blanche en crédits d’impôts. C’est ce qu’on en a retenu. Et c’est dommage, parce que ça ne va booster l’activité du secteur. »
Pour les rassurer, Gérald Darmanin promet de communiquer davantage. « C’est la première fois que nous en parlons publiquement après les propos du Premier ministre. Et j’aurai l’occasion, une nouvelle fois, de réécrire aux Français et de réexpliquer comment les choses fonctionnent. Et vous verrez que plus les gens connaissent ce système d’impôts à la source, plus ils l’aiment. »
Le ministre des Comptes publics a encore un gros travail de pédagogie devant lui. Une nouvelle campagne de communication sera lancée prochainement dans les médias.
→ À relire : Pourquoi tant de bruit autour du peélèvement à la source ? (2016)