Démission de Nicolas Hulot: une bombe dans la classe politique française

Le ministre français de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a annoncé ce mardi 28 août 2018 qu'il quittait le gouvernement, pour ne plus se résigner à une politique des « petits pas » insuffisante face aux enjeux environnementaux. Les réactions n'ont pas tardé ; beaucoup attendaient que l'ancien animateur et producteur de télévision se retire. Le Premier ministre va proposer des pistes de remplacement au président « dans les jours qui viennent ».

« J'espère que cette décision qui est lourde, qui me bouleverse, qui mûrit depuis de longs mois, ne profitera pas à des joutes ou à des récupérations politiciennes », a expliqué Nicolas Hulot ce mardi, au moment d'annoncer sa démission. Un vœu pieux, tant son départ avait été prophétisé depuis un an.

« La voix de Macron sur l’écologie était EDF et Stéphane Travert, le départ de Nicolas Hulot est la conséquence de l’absence de politique écologique de ce gouvernement. Nicolas Hulot essayait de convaincre mais n’était pas entendu, il refuse de servir de caution et il a raison », a réagi ce mardi sur Twitter Yannick Jadot, tête de liste Europe écologie-Les Verts aux européennes.

« Cette démission est le reflet des conséquences des ambiguïtés des politiques de Macron (...) Je pense que cette démission est le reflet d’une rentrée très difficile pour Emmanuel Macron (...) Je peux comprendre qu’il se sente trahi, comme aujourd’hui pas mal de Français, par des promesses fortes qui avaient été faites et le sentiment qu’à l’arrivée elles ne sont pas tenues », estime pour sa part le numéro un du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez.

« La démission de Nicolas Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron »

« Ne plus mentir, ne plus se mentir. Nicolas Hulot nous parle d’une trahison. Celle d’un pouvoir qui a abandonné toute référence au progressisme et à l’écologie. Les masques sont tombés un à un. A la gauche de relever le drapeau d’un nouveau modèle de développement », plaide, de l'autre côté de l'échiquier, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure.

« La démission de Nicolas Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron. Il confirme le diagnostic de mon discours de samedi. La macronie commence sa décomposition », écrit pour sa part la tête de file du mouvement La France insoumise et ancien candidat à la présidentielle face à Emmanuel Macron, le député Jean-Luc Mélenchon.

Nicolas Hulot aura apporté de l'eau au moulin de ceux qui dénoncent la surreprésentation des lobbyistes dans les cercles de pouvoir en France. En cause : la présence de Thierry Coste, conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs de France (FNC), lors d'une réunion importante lundi à l'Elysée. Elle a « achevé » de le convaincre, explique le ministre démissionnaire. « J'ai dit frontalement qu'il n'avait rien à faire là », relate-t-il.

Edouard Philippe fera des propositions à Macron « dans les prochains jours »

« Je regrette son départ, je regrette surtout qu'on ne puisse pas mettre en valeur tout ce qu'il a accompli pendant (...) les 14 mois qui se sont écoulés depuis son entrée au gouvernement », a pour sa part déclaré le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. « Il n'a pas gagné tous ses arbitrages mais c'est le lot des ministres (...) Il faut parfois savoir faire des accords et se dire que le petit pas qu'on a réalisé aujourd'hui permettra demain de faire un plus grand pas encore. »

« Je respecte la décision de Nicolas Hulot, même si je la regrette, a déclaré le président de l'Assemblée nationale, l'ancien écologiste François de Rugy. Je salue son action depuis 15 mois au sein du gouvernement pour enclencher des transformations écologiques profondes : plus que jamais, celles-ci doivent être accomplies avec engagement, persévérance et détermination. »

Devant la presse, le Premier ministre a assuré que « la détermination du gouvernement est totale à (...) prendre en compte cette transition écologique, cette transformation climatique ». « J'aurai l'occasion au cours des jours qui viennent de faire des propositions au président de la République pour prendre en compte cette démission et lui proposer des suggestions s'agissant de la composition du gouvernement », a ajouté M. Philippe, qui a « aimé travailler avec lui ».

« Le bilan de ce gouvernement en matière d'environnement est le meilleur »

« Je suis impressionné par sa hauteur de vue et la noblesse de sa démarche. J’espère qu’au-delà du buzz politique inévitable, cette décision nous incitera tous à réfléchir et à changer », écrit l'ancien Premier ministre Alain Juppé, qui avait fait de l'environnement l'un de ses chevaux de bataille par le passé.

Ce mardi, l'Elysée a pris « acte » de la démission de Nicolas Hulot auprès de l'Agence France-Presse, estimant que le désormais ex-ministre pouvait être « fier de son bilan ». « La détermination reste totale pour poursuivre dans la même direction et avec le même niveau d'ambition », informe la présidence, qui précise que le remaniement n'aura pas lieu « dans l'immédiat ».

« En 14 mois, le bilan de ce gouvernement en matière d'environnement est le meilleur depuis de nombreuses années », défend un membre de l'entourage du chef de l'Etat sur l'AFP. Et de citer le retrait programmé des centrales à charbon ou de la centrale nucléaire de Fessenheim, l'arrêt du projet controversé d'aéroport de Notre-Dame des Landes, le dossier du glyphosate ou la promotion de l'alimentation bio.

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