Emmanuel Macron lance le service national universel

Le service national universel, projet voulu par Emmanuel Macron, sera présenté ce mercredi 27 juin en Conseil des ministres. Vingt-et-un ans après l'abandon du service militaire obligatoire, les jeunes français, garçons et filles, devront se rendre disponibles pendant un mois minimum.

Que les choses soient claires : le service national universel ne sera pas un service militaire. Tel est le message envoyé par l'exécutif, bien conscient du risque politique, des réticences dans l'électorat. Parmi les propositions du groupe de travail mandaté par l'Elysée, un service d'un mois obligatoire entre 15 et 18 ans, puis une phase d'engagement citoyen de trois à six mois avant 25 ans.

Emmanuel Macron, qui en a fait une promesse de campagne, souhaite que chaque Français, quel que soit son sexe, ait une expérience, même brève, de la vie militaire. Un engagement social, environnemental, et culturel. Pas de treillis, pas d'apprentissage du garde à vous, mais une façon de revenir sur la décision de Jacques Chirac en 1997 de supprimer purement et simplement ce rite de passage, ce monument républicain héritier de la Révolution.

Pour Annie Crépin, maîtresse de conférence en histoire contemporaine et auteure de l'Histoire de la conscription, ce projet de rétablir un engagement citoyen à la jeunesse répond à la fois à la crainte d'une fracture sociale et une certaine nostalgie. « Je pense qu'il y a eu des problèmes sociaux et sociétaux dans la France des années 2000 et que la société civile a eu le sentiment d'un vide sociétal. Cette idée de fracture sociale s'est accentuée avec la crise des banlieues en 2005 », avance-t-elle.

« Ce sont les civils et les politiques, hommes et femmes, qui ont retrouvé l'idée du service militaire, non pas dans sa finalité militaire, mais de cohésion sociale et d'égalité, sans voir que dans les années 1960, il ne correspondait plus ni au but militaire qu'il devait remplir ni à sa finalité égalitaire. On l'a donc un peu mythifié », estime Annie Crépin.

Jusqu'où iront l'Elysée et Matignon ? Une fois annoncés les contours de ce service national universel, et avant une mise en place à partir de l'an prochain, une période de réflexion, de consultation, doit débuter à l'automne avec les jeunes, les parents, les enseignants, les collectivités. Sur internet et physiquement dans les territoires.

Les organisations de jeunesse dénoncent déjà incohérences et logique démagogique. Le rapport rédigé par cinq inspections générales avait lui-même alerté sur les contraintes, la complexité, et le coût de cette mesure : jusqu'à 20 milliards d'euros par an.

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