La ministre française de la Justice a exclu vendredi 20 avril de rapatrier « pour le moment » une femme condamnée à perpétuité en Irak. Nicole Belloubet oppose ainsi une fin de non-recevoir à une demande formulée par les avocats français de cette jihadiste présumée.
« J'ai déjà eu l'occasion de dire que la France dans ces situations-là reconnaissait évidemment la souveraineté de l'État et donc sa capacité à juger dans les lieux où les attentats, les infractions ont été commises », a déclaré Nicole Belloubet sur RTL. La défense de Djamila Boutoutaou, qui a été jugée mardi à Bagdad pour son appartenance présumée au groupe État islamique, estime qu'elle n'a pu bénéficier d'un procès équitable.
Un refus « inacceptable »
Dans un communiqué publié mardi, les avocats William Bourdon et Martin Pradel ont dénoncé une condamnation expéditive et exhorté les autorités françaises à œuvrer au rapatriement de Djiamila Boutoutaou. Face au refus de la ministre, ses avocats critiquent une attitude « inacceptable » de la part du gouvernement.
« Aujourd’hui, le silence est assourdissant, estime maître William Bourdon. Et on rajoute à une attitude qui consiste à se laver des mains des conditions dans lesquelles notre ressortissante et mère de famille a été condamnée. Dans ces conditions, un refus déclaré, prématuré évidemment, d’envisager le moyen de transfèrement, c’est tout aussi inacceptable. »
Source d'informations
Mais l’avocat prévient : « Le jour où une condamnation définitive interviendra en Irak - puisqu’un appel est en cours de formalisation, a priori -, nous reviendrons à la charge pour essayer d’obtenir le transfert de Djamila vers la France. »
William Bourdon met également en avant l’intérêt qu’il y aurait à rapatrier la jeune femme dans le cadre de la lutte antiterroriste. « Les services français se plaignent de manquer parfois d’informations sur les circuits de recrutement. En débriefant ces femmes en France, c’est évidemment se donner la possibilité d’avoir accès à des sources d’information décisives. Comment accepter qu’on puisse s’en priver, à l’heure où on ne cesse de marteler l’exigence d’une plus grande efficacité dans la lutte contre le terrorisme ? »