Grève SNCF: Les cheminots rejettent le modèle des voisins européens

La grève a repris ce dimanche 8 avril à la SNCF, pour deux jours. Les cheminots dénoncent le projet de réforme de leur entreprise qui prévoit notamment la suppression de leur statut, la privatisation possible de l'entreprise ou encore l'ouverture à la concurrence de voyageurs, à l'image des modèles des pays voisins. Mais la grève inquiète également des producteurs, notamment de granulats, qui craignent un impact sur leur stock, ce qui influerait la livraison de sables et graviers dans des chantiers du bâtiment. Entre-temps, à Marseille, les usagers se rabattent sur la première compagnie lancée lors de l'ouverture à la concurrence de la SNCF pour les lignes internationales, Thello.

Au Royaume-Uni, la privatisation du rail a été amorcée dans les années 80, sous Margaret Thatcher. Principaux effets : augmentation des prix, retards fréquents et trains bondés.

« L’équivalent du pass Navigo en Angleterre, c’est 300 euros, explique Fabien Dumas, secrétaire fédéral de Sud-Rail. Ici, il est à 75 euros, pour un service qui n’est pas à la hauteur. Il y a 70% des Britanniques qui voudraient revenir à un modèle nationalisé. On nous parle du modèle hollandais ou du modèle danois. Le Danemark, c’est 105 îles, on est vraiment sérieux, avec un réseau qui est dix à vingt fois inférieur au nôtre selon le pays », dit-il.

En Allemagne, cela fait plus de 20 ans que les lignes régionales ont été ouvertes au privé. L'entreprise nationale conservant un quasi-monopole sur les grandes lignes. Les prix sont légèrement supérieurs à ceux pratiqués en France, mais le système fonctionne bien. Fabien Dumas, de Sud-Rail, le reconnaît, mais pour lui, le modèle doit être pris dans son ensemble : « On nous vante sans arrêt le modèle allemand. Les Allemands ont commencé par reprendre la dette, et après ils ont fait l’écotaxe. Il y a des camions tous les jours qui passent par la France, parce que la France est le seul pays qui n’a pas mis en place l’écotaxe. Et ils ne participent pas au financement des infrastructures ni routières, ni ferroviaires », explique-t-il.

En Suède, cela fait 25 ans que le privé concurrence le public : les prix ont baissé et la fréquentation a doublé. Le privé se concentre sur les lignes les plus rentables, puis l'État subventionne les autres.

Les producteurs de granulats (sables et graviers), fournisseurs du secteur du bâtiment et des travaux publics, s'inquiètent des conséquences de la grève à la SNCF sur l’approvisionnement des chantiers. Si les grèves prévues jusque fin juin perdurent, la fédération des producteurs estime que plus de 1 200 trains seraient supprimés, soit près de deux millions de tonnes de granulats non livrés sur les chantiers par le train.

« Le risque, c’est vraiment des ruptures d’approvisionnement sur les chantiers, affirme Mathieu Hiblot, secrétaire général de l’Union nationale des producteurs de granulats. Pour l’instant, c’est un premier épisode où on constate que ces trains qui n’ont pas pu circuler et approvisionner les chantiers. Ces chantiers disposaient un peu de stock des précédentes livraisons », explique-t-il.

« Maintenant, c’est de voir d’ici les prochains jours de grève si on arrive à rattraper le retard ou si, au contraire, cela va s’aggraver et qu’on va aller vers de la rupture de stock. Sur beaucoup de chantiers, on est vraiment en flux tendu. On livre des granulats, dont des matériaux qui vont servir à la fabrication du béton, et la tension est forte avec des chantiers qui pourraient peut-être ne pas être livrés. Il faut voir la semaine prochaine », conclut-il.

Au cœur de la deuxième séquence de grève à la SNCF, certains passagers échappent à la galère des annulations en région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA) à bord des trains Thello, compagnie créée en 2010 par la compagnie ferroviaire italienne, Trenitalia, et le français Transdev. Thello est la première compagnie lancée lors de l'ouverture à la concurrence avec la SNCF en 2009 pour les lignes internationales.

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