En dépit du « caractère historique » du texte, souligné par plusieurs élus, celui-ci n'a pas été adopté à l'unanimité. Il a rassemblé 38 voix tandis que 14 élus issus de la droite non indépendantiste s'y sont opposés, dénonçant « la repentance coloniale » contenue, selon eux, dans l'exposé des motifs.
Le texte a été entériné par les deux groupes indépendantistes, le groupe UC-FLNKS et Nationalistes et l’UNI (Union nationale pour l'indépendance), ainsi que par les élus de Calédonie ensemble (CE, droite modérée).
Les élus des Républicains calédoniens, du Rassemblement-LR et du Mouvement populaire calédonien (MPC) ont voté contre. Ils auraient souhaité une délibération plus administrative, sans rappel historique. « Le texte qui accompagne la délibération ne fait aucune place à la fierté d'être français. Il est tourné vers le passé et est repentant », a déclaré Sonia Backès, chef du groupe des Républicains calédoniens.
« Tourner la page de la violence et du mépris »
Fortement inspiré du préambule de l'accord de Nouméa (1998), l'exposé des motifs rappelle que « la colonisation portait en elle la négation de l'identité kanak » mais également que la Nouvelle-Calédonie « s'est engagée dans un processus négocié » (...) pour « tourner la page de la violence et du mépris pour écrire ensemble les pages de paix, de solidarité et de prospérité ».
« On ne peut pas fixer la date d'un référendum sans mettre en place son contexte politique. C'est un rendez-vous historique. C'est pour ça que nous étions opposés à une délibération purement administrative », a estimé Jacques Lallié, élu UC-FLNKS, qui a voté pour le texte.
Accord de Nouméa
Après de vives tensions indépendantistes dans les années 1980 - culminant avec une prise en otages de gendarmes qui avait fait 21 morts en 1988 - des accords avaient été conclus entre Paris et Nouméa pour accorder une large autonomie à cet archipel, français depuis 1853.
En 1998, l'accord de Nouméa avait instauré un processus progressif de décolonisation prévoyant un référendum d'autodétermination, au plus tard en novembre 2018. En vertu de cet accord, les élus locaux avaient jusqu'au mois de mai pour pouvoir eux-mêmes décider de la date du scrutin.
(avec AFP)
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