Le procureur Nicolas Le Bris a demandé la même peine pour Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah, qui avait joué le rôle d'intermédiaire : 4 ans de prison avec un maintien en détention. « On peut leur reprocher le recel de criminels, mais pas le recel de criminels terroristes », a-t-il dit.
Les deux hommes sont jugés depuis le 24 janvier pour « recel de malfaiteurs terroristes » devant la 16ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Ces délinquants multirécidivistes encourent 6 ans de prison.
Jawad Bendaoud comparait pour avoir mis à disposition d'Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats, et de son complice Chakib Akrouh, un squat où ils s'étaient repliés, à Saint-Denis. C'est là qu'ils sont morts dans l'assaut des policiers du Raid, le 18 novembre. Il s'agit du premier procès en lien avec les attentats du 13 novembre 2015.
« Ni Mohamed Soumah ni Jawad Bendaoud ne pouvaient ignorer qu'ils apportaient leur aide à des criminels en fuite », a déclaré dans ses réquisitions Nicolas Le Bris. Mais « il n'y a pas suffisamment d'éléments pour pouvoir affirmer qu'ils connaissaient et savaient que ces deux fuyards avaient participé aux attentats, a poursuivi le procureur. Il y a des éléments troublants mais pas assez d'éléments pour affirmer qu'ils ont apporté leur aide à Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh », a-t-il encore dit.
Et d'ajouter : « à vouloir mettre un costume trop grand à Jawad Bendaoud, on en viendrait à décrédibiliser Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats parisiens. »
Peine maximale requise contre Boulahcen
Le procureur a prononcé les réquisitions les plus sévères à l'encontre du troisième prévenu, Youssef Aït Boulahcen, qui comparait libre. Il est jugé pour « non dénonciation de crime terroriste ». C'est le cousin d'Abdelhamid Abaaoud et le frère d'Hasna Aït Boulahcen, qui cherchait une planque pour les jihadistes et qui est morte dans l'assaut du Raid. La peine maximale de cinq ans a été requise contre lui, avec un mandat de dépôt.
Youssef Aït Boulahcen apparait comme le plus discret des trois. Mais pour l’accusation, c’est aussi lui le plus dangereux. « C’est un personnage au discours maîtrisé mais il fait froid dans le dos, a avancé le procureur Le Bris. Un profil inquiétant, il adhère parfaitement à l’idéologie de l’Etat islamique et il n’a jamais dénoncé sa sœur aux autorités. »
Ce mercredi, les avocats des 3 prévenus continueront de plaider avant la décision prévue en fin de semaine.