Plan de départ volontaire. C’est une expression qu’on entend plutôt généralement dans le privé. Le ministre Darmanin, certes, dit que ce ne sera pas pour tout le monde, que ce sera pour ceux qui veulent partir du fait de la réforme de l’Etat. Mais on le comprend bien, le gouvernement veut alléger la masse salariale, réduire la dépense publique. Et 120 000 postes sont menacés.
Heurter les sensibilités
Edouard Philippe le confesse : il faut savoir heurter les sensibilités, bousculer les équilibres. Public-privé, même combat : « Comment imaginer que nous puissions demander des efforts importants aux acteurs économiques si nous ne sommes pas capables de nous imposer les mêmes efforts pour atteindre les mêmes objectifs en s’inspirant parfois des mêmes logiques. »
Et pour imposer ce qui serait un séisme dans la fonction publique, le Premier ministre a décidé de prendre les syndicats de vitesse, avant le début des concertations qui s'annoncent animées ces prochains mois.
Plusieurs chantiers sont lancés. Le mode de rémunération d’abord, qui se ferait aussi au mérite, pour mieux récompenser le travail et l'efficacité. Une orientation qui suscite la méfiance de certains syndicats qui redoutent des critères d'évaluation éloignés de la mission de service public.
Ensuite l’Etat utiliserait davantage de contractuels, ces agents qui ne sont pas des fonctionnaires, dont l'emploi est moins protégé. Sur les cinq millions de fonctionnaires, environ 940 000 étaient contractuels à la fin 2015.
Riposte des syndicats
Dans ce jeu de chamboule-tout, on va accompagner les évolutions de carrière, faciliter la mobilité, y compris vers le secteur privé, et revoir le dialogue social, le simplifier. Trop d'instances représentatives, a dit le Premier ministre.
Les annonces du gouvernement font bondir les syndicats qui n'ont pas digéré les ordonnances sur la loi Travail.
Pour la CGT et l'Union syndicale Solidaires, il s'agit « d'un dynamitage du statut de la fonction publique ».
La FSU, la première organisation syndicale de la fonction publique d'Etat, évoque « un véritable plan de licenciement ».
Force ouvrière (FO) rappelle que des dispositifs de ce type existent déjà du côté des collectivités locales, mais c'est en général « un choix de l'agent public ». Le syndicat estime que « c'est un plan social déguisé ».
Plus réservée, la CFDT de Laurent Berger demande au gouvernement de clarifier ses annonces, avant de se prononcer.
Le 6 février prochain les syndicats se rencontreront pour décider d'une éventuelle journée de mobilisation.
En avril, le gouvernement précisera sa feuille de route avant d'entamer la concertation avec les syndicats. Concertation qui doit courir sur l'ensemble de l'année 2018. Objectif : mettre en œuvre cette réforme de la fonction publique dès 2019.