Avec notre envoyé spécial à Vendin-le-Vieil, Stéphane Lagarde
La démission du directeur après l'agression de trois surveillants pénitentiaires n’aura pas suffi à calmer les esprits. Depuis vendredi, des machines à laver, des pneus et des palettes continuent de brûler devant la centrale de Vendin-le-Vieil. Ne seraient-ce ses miradors, ses grilles et ses 756 caméras, la longue bâtisse blanche aux fenêtres colorées pourrait de loin passer pour un hôtel d’autoroute.
Avec Condé-sur-Sarthe, la centrale du Pas-de-Calais est la prison la plus sécurisée de France. Cela n’empêche pas les agressions de se multiplier depuis son ouverture il y a trois ans. « Il y a eu une première agression à l'ouverture. Un détenu très difficile a pris en otage le directeur adjoint. Ensuite, il y a eu un psychopathe sorti du quartier d'isolement qui a tué un codétenu par strangulation, tellement brutale que la carotide a sauté », raconte Azziz, surveillant.
Cette violence au quotidien est encore envenimée par l’omerta des chefs d’établissements qui verraient leur prime baisser à chaque incident, selon les syndicats. Un manque de considération auquel entend remédier la garde des Sceaux Nicole Belloubet. « Je suis venue à Vendin pour rencontrer des personnels qui ont été victimes d'une tentative d'assassinat par un terroriste. D'abord, je me suis engagée à ce que le ministère apporte une véritable reconnaissance aux personnels qui ont subi l'agression », indique la ministre de la Justice. La ministre a promis d'aller vers un accroissement des effectifs d’encadrements, à étudier le transfert de certains détenus dangereux. Elle propose également des formations, davantage d’équipement aux surveillants.
Cette reconnaissance se traduit par une montée en grade des agents blessés. Les surveillants dans leur ensemble espèrent quant à eux récupérer l’autorité qui jusqu’alors faisait défaut dans les coursives. « Il faut savoir qu'ici, à Vendin, le directeur gère tout. Faut savoir que le directeur adjoint, l'année dernière, descendait pour répondre aux desiderata d'un détenu qui n'avait pas eu la marque de chips qu'il réclamait, dénonce Azziz. C'est un hôtel trois étoiles et non pas une centrale haute sécurité. On est devenus des portes-clés, il nous manque simplement la petite serviette sur l’avant-bras. »
Les représentants syndicaux se sont félicités des propositions de la ministre, tout en affirmant rester vigilants et solidaires avec leurs collègues mobilisés dans toute la France. Le plus important étant de réinstaurer la confiance et l’écoute d’une profession qui manque de reconnaissance explique, Grégory Strempekd, représentant Ufap Unsa Justice, à la centrale de Vendin-le-Vieil :