Parler à l’ONU, c’est parler au monde entier. Et c’est bien ce qu’Emmanuel Macron va essayer de faire. Le chef de l’Etat, qui prononcera mardi son premier discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, veut expliquer le sens de l’action de la France dans un monde multipolaire, parler du multilatéralisme, évoquer la notion de « bien commun », bref donner sa vision des relations internationales.
Une vision qui sera forcément comparée à celle de Donald Trump, qui fait lui aussi ses premiers pas à l’ONU. Comme au G7 au mois de mai dernier ou au G20 en juillet, Emmanuel Macron et Donald Trump vont certainement occuper la scène médiatique de cette grand-messe internationale.
Les deux hommes doivent d’ailleurs se rencontrer dès l’arrivée du président français à New York. Objectif de l'entretien : faire le point en tête-à-tête avant d’attaquer le marathon onusien au programme duquel figurent des questions aussi sensibles que les relations avec la Corée du Nord, la situation en Syrie, le terrorisme, l’environnement, la réforme de l’ONU. Des questions sur lesquelles Emmanuel Macron espère avancer des pions.
Jeu en triangle
Mais les deux hommes ne sont pas les seuls à faire leur grande entrée sur la scène internationale de l'ONU. Comme eux, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'apprête à connaître sa première Assemblée générale. « Je pense que ce qui va être intéressant n'est pas simplement la confrontation entre Macron et Trump, mais le triangle [avec Antonio Guterres] », estime ainsi l'ancien diplomate Manuel Lafont Rapnouil, spécialiste de l'ONU et directeur du bureau parisien du European Council on Foreign Relations.
Emmanuel Macron et Antonio Guterres connaissent les positions de Donald Trump sur l'Accord de Paris sur le climat ou la force de maintien de la paix onusienne. Et malgré leur désaccord avec le président américain, l'un comme l'autre évitent la confrontation, analyse Manuel Lafont Rapnouil. « On va donc pouvoir étudier le contraste entre ces trois discours ». Les trois dirigeants vont-ils se montrer prêts à collaborer ou au contraire afficher des positions divergentes ? Réponse mardi.
La stratégie de Trump
Pour ses premiers, en tout cas, Donald Trump a décidé de faire une entrée remarquée en proposant dès ce lundi un projet de réforme de l"ONU. Il menaçe de réduire les contributions américaines au budget de l'organisation qu'il avait qualifié en 2016 de « club où les gens passent du bon temps ».
« Ce qui est toujours difficile avec Trump, sur tous les sujets, c'est de faire la différence entre son discours qui est très virulent, ses tweets lapidaires et sa pratique, souligne Manuel Lafont Rapnouil. C'est un peu ça qu'on attend de voir avec cette participation de Trump. »
Le spécialiste, qui note aussi que c'est « un signe » que le président américain ait voulu venir à cette Assemblée générale puisque tous les chefs de l'Etat ne viennent pas. Jusqu'à présent, pointe-t-il également, son ambassadrice à New York, Nikki Haley, s'est montrée en pratique « plus pragmatique et moins virulente » que Donald Trump. Tandis que sur le budget, les coupes, souligne-t-il, ont été « beaucoup moins sévères qu'annoncé ».