GM&S: les enjeux d’une journée décisive

Le destin de GM&S se joue à nouveau au Tribunal de commerce de Poitiers ce lundi 31 juillet. Le sous-traitant automobile creusois, en liquidation judiciaire, attend la décision de justice sur l’offre de reprise ferme formulée par le leader français de l’emboutissage GMD. Ce repreneur a déjà obtenu l’engagement des constructeurs PSA et Renault pour des commandes sur 5 ans ainsi que des investissements pour renouveler l’usine. L’Etat a également mis la main à la poche, au nom  de l’aménagement du territoire. Car dans la Creuse, les conséquences économiques et sociales seront lourdes en cas de licenciements.

A la souterraine, la commune où se trouve l’usine de GM&S, tout le monde attend avec fébrilité la décision du tribunal. Dans cette commune de 5000 habitants, dans les quelques boutiques ouvertes en cette période de vacances, on se dit solidaires. Un des gérants du café de la place d’Armes raconte que régulièrement, au rythme des rebondissements de ce dossier, il a fermé son établissement et pris part aux manifestations de soutien aux 277 salariés. Des salariés qui sont aussi ses clients pour quelques-uns. On estime à 800 le nombre d’emplois indirects menacés dans la Creuse en cas de fermeture de l’usine.

Appréhension pour 277 salariés

Les 277 salariés de GM&S et leurs familles sont dans le même état d’esprit : un mélange d’appréhension, mais combatifs. Une poignée d’entre eux a enfourché des vélos ce lundi matin à 8h pour parcourir les 100km qui séparent l’usine du tribunal. Le reste est monté à midi dans deux cars pour aller soutenir leurs délégués du personnel. Ces délégués du personnel qui ne sont pas très optimistes. Ils n’ont pas de mots assez durs pour qualifier le repreneur potentiel, Alain Martineau.

Pour eux, le PDG de GMD (qui s’est rendu à la souterraine la semaine dernière) n’a fait qu’arracher des garanties de commandes et d’investissement à PSA et Renault, sans égard pour la situation des salariés. L’adhésion des ouvriers était une de ses « conditions suspensives », autrement dit une de ses conditions pour accepter de reprendre l’usine. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est pour les syndicats la preuve qu’il se moque de la situation sociale engendrée par la reprise partielle de GM&S.

Quelle décision pour le Tribunal de Poitiers lundi ?

Lundi soir minuit, c’est la fin de la période d’activité de l’usine telle que décidée par la justice. Selon l’avocat du comité d’entreprise, maitre Jean-Louis Borie, on peut s’attendre à une prolongation de cette période, peut-être jusqu’à la fin du mois d’août. Soit juste avant la date de reprise visée par GMD, début septembre. Cela laisserait donc un mois. Les salaires sont garantis jusqu’à fin août. Un mois pour souffler, et du temps en plus pour négocier les conditions d’une meilleure reprise, davantage d’emplois préservés mais aussi des primes extralégales pour les 157 salariés qui devront partir si l’offre de GMD est finalement retenue.

La question des primes extralégales

L'Etat, par définition, ne peut pas les payer. Le ministère de l’économie très impliqué sur le dossier. Bruno Le Maire était à la souterraine il y a quelques jours et il a promis que tout serait fait pour accompagner les salariés non repris, avec les dispositifs habituels. Mais ni PSA ni Renault ne comptent céder pour prendre en charge le licenciement des 157 salariés. Ils estiment avoir fait leur part en garantissant des commandes jusqu’à 2022 et en investissant pour la rénovation de l’usine. Les délégués du personnel comptent défendre ce point aujourd’hui à Poitiers.

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