Rien de plus naturel pour les Israéliens que la participation de leur Premier ministre à la cérémonie marquant l’anniversaire de la rafle du Vél d’Hiv. Mais Benyamin Netanyahu, fait-on remarquer à Jérusalem, a multiplié les bévues en ce qui concerne la Shoah. Il avait notamment affirmé devant les membres du Congrès sioniste mondial réuni à Jérusalem que les nazis ne voulaient pas exterminer les juifs d’Europe et ce n’est qu’après une rencontre entre Hitler et le grand Mufti de Jérusalem, Haj Amin al-Husseini, que la solution finale avait été adoptée.
Dans une « note » à destination de la presse, l'Elysée a indiqué que la visite de Benyamin Netanyahu devait permettre de « rappeler l'importance de la laïcité et la lutte inconditionnelle contre toute forme d'antisémitisme ». La présidence ajoute que l'entretien permettrait de « signifier l'absence pour la France de complaisance envers l'Iran, en particulier concernant la position iranienne sur Israël ».
Voilà de quoi rassurer son hôte. Mais Emmanuel Macron évoquera très probablement aussi avec son interlocuteur l'inquiétude de Paris face à l'accélération de la colonisation des terres palestiniennes en Cisjordanie occupée. De son côté, le Premier ministre israélien cherchera, lui, à connaître les intentions de la France concernant le rôle qu'elle entend jouer sur le dossier israélo-palestinien.
Les négociations entre Israéliens et Palestiniens n'ont jamais repris depuis l'échec d'une médiation américaine au printemps 2014. Le prédécesseur d'Emmanuel Macron, François Hollande, avait accueilli une conférence internationale en janvier dernier à Paris pour relancer les négociations de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne, une initiative qui avait provoqué la colère de Benyamin Netanyahu. Le chef du gouvernement israélien avait refusé de faire le déplacement dans la capitale française et parlé d'une conférence truquée.
Pour l’historien israélien Zeev Sternhell, le véritable but de la visite de Netanyahu à Paris est donc de tenter de convaincre la France de renoncer à l’idée de l’indépendance de la Palestine, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. « Emmanuel Macron ne doit pas céder », ajoute Zeev Sternhell. Quoi qu’il en soit, les commentateurs en Israël sont unanimes : la participation à la cérémonie-anniversaire est importante, mais l’entretien de travail entre le président français et le Premier ministre israélien l’est encore plus.