France: Edouard Philippe très concentré sur la maîtrise des dépenses publiques

Dans son discours de politique générale le Premier ministre Edouard Philippe a insisté sur la maîtrise des déficits publics. Une ligne de conduite qui contraint le gouvernement à repousser une partie des baisses d’impôts promises.

8 milliards de dépenses programmées par le précédent gouvernement ne sont pas financées, il faut donc trouver de l'argent frais, et vite pour rester sous la barre des 3% maximum de déficit public, a expliqué Edouard Philippe. Pour bien faire comprendre cette situation qu'il juge « inquiétante », il a multiplié les formules-chocs : « Face à la dette et aux déficits publics… nous dansons sur un volcan ». Il a aussi emprunté une métaphore à la boxe : « La France est dans les cordes et aucune esquive ne nous sauvera ». Dans un registre plus sanitaire : « Il y a une addiction française à la dépense publique dont il faut se désintoxiquer ». Il a illustré son propos par des chiffres : quand l'Allemagne engrange 100 euros de recettes et en dépense 98, la France prélève 117 euros et en dépense 125.

Un discours alarmiste et imagé pour justifier le cap de l'orthodoxie budgétaire

Le gouvernement de La République en marche veut à tout prix maîtriser les dépenses publiques en mettant le holà à l'inflation des dépenses. Un exemple donné par Edouard Philippe : la masse salariale des fonctionnaires, le quart du budget de l'Etat, devra rester constante. Sans préciser comment il compte y parvenir.

Pour dépenser moins, la chasse au gaspi est ouverte dans les ministères. Le Premier ministre a pointé du doigt les dispositifs coûteux dont l'efficacité n'est toujours pas prouvée, c'est le cas de l'aide au logement - deux fois plus importante que chez nos voisins européens et sans résultat probant pour enrayer la crise du logement, ou encore la formation professionnelle.

Et puis, fidèle au programme d'Emmanuel Macron, Edouard Philippe a confirmé l'autre versant de cette politique budgétaire rigoureuse : la baisse simultanée des impôts étalée sur le quinquennat.

Dans ce contexte contraint le Premier ministre a dû repousser une partie des baisses de taxes promises

Officiellement, l'équipe Macron ne renonce à rien, mais les réformes qui auraient creusé davantage le déficit ont été reportées d'une année.

C'est le cas de la réforme emblématique du CICE. Emmanuel Macron voulait définitivement et immédiatement transformer le Crédit d'impôt compétitivité emploi en baisse de charges pour les entreprises. Il faudra attendre 2019.

Idem pour la réforme de l'impôt sur la grande fortune. C’est seulement en 2019 que l'ISF sera calculé sur le seul patrimoine immobilier.

Certaines réformes sont toujours annoncées, mais le calendrier devient plus flou

Le cas le plus frappant concerne la réforme de la taxe d'habitation qui devait être supprimée pour 80% des ménages : le Premier ministre se contente d'annoncer une concertation avec les collectivités locales pour réviser cet impôt lourd et souvent injuste sans préciser la date de la mise en oeuvre.

Quant à la baisse de l'impôt sur les sociétés de 33 à 25%, elle sera étalée jusqu'en 2022.

Un certain nombre de promesses de campagne seront quand même honorées dans les temps impartis

C'est le cas de la hausse des dépenses consacrées à la Défense, on atteindra bien la barre des 2% du produit intérieur brut en 2025, comme le stipule l'appartenance de la France à l'Otan, comme le président américain l'a rappelé sans ambages au dernier sommet de l'Alliance atlantique.

Autre promesse honorée : celle de la disparition des cotisations salariales santé et chômage dès le 1er janvier prochain. Mais rappelons qu'elles seront remplacées par une hausse de la CSG. Cela veut dire que cette réforme qui va doper le pouvoir d'achat de nombreux ménages ne sera pas nécessairement coûteuse.

La hausse du prix des cigarettes va aussi faire rentrer de l'argent dans les caisses

Le paquet à 10 euros - contre 7 euros aujourd’hui - , c'est d'abord une mesure de santé publique, mais qui aura aussi le mérite de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat. Tout comme la convergence des taxes sur le Diesel et l'essence décidée au nom du défi climatique.

Ce qu'il faut retenir de ce discours, c'est une double injonction très macronienne : le Premier ministre veut à la fois maîtriser les dépenses publiques et respecter les engagements concrets pour soulager les Français.

La revalorisation du minimum vieillesse et de l'allocation handicapé dès 2018 font partie des mesures immédiates favorables au pouvoir d'achat. Le remboursement des lunettes, des soins dentaires et des prothèses auditives sont aussi toujours à l’ordre du jour. Quant à la hausse de la prime d'activité versée à ceux qui reprennent un emploi, elle sera bien augmentée, mais nul ne sait quand et de quel montant.

Partager :