Calais tente de séduire les Britanniques pour se relever de la crise migratoire

Ils ont traversé la Manche ce samedi 24 juin 2017. Quelque 1000 Britanniques sont arrivés à Calais, dans le nord de la France, à l'invitation de la mairie. Opération séduction pour tenter de réveiller l'attractivité de la ville, marquée par la crise migratoire. La «jungle» a été évacuée, et le ministre de l'Intérieur assure qu'un camp ne se réinstallera pas, pour ne pas créer d'appel d'air, dit-il.

Avec notre envoyée spéciale à Calais,  Aabla Jounaidi

Environ 17°C et beaucoup de vent. Un temps radieux donc pour les 1 000 Britanniques débarqués ce samedi à Calais. Ils ont été choisis par tirage au sort. Une opération destinée à faire redécouvrir la ville, loin des clichés, loin de l’image acquise ces dernières années avec la crise des migrants.

Karen, une mère de famille du Royaume-Uni, est venue avec ses deux enfants. « A la télévision, explique-t-elle, c'est tout ce qu'on entend à longueur de journée. C'est tout ce que l'on sait de Calais et de ses quais. Les gens ont trop peur. Mais il faut venir voir par soi-même. »

Le message : Calais ne se résume pas à la « jungle »

Programme du reste de la journée : shopping et inauguration d’une statue du général de Gaulle et de Winston Churchill. Mais cette opération, qui a coûté 170 000 euros à la ville, était nécessaire, d’après la maire Les Républicains de Calais, Natacha Bouchart. « En tant que maire, explique l'élue, j’ai toujours fait assumer notre problématique au quotidien, mais montré aussi que Calais ne se résume pas à la problématique des migrants, que nous avons un patrimoine qui est exceptionnel. »

Mais cette opération séduction suffira-t-elle à faire revenir les touristes ? En ce samedi après-midi, dans le centre-ville de Calais jadis bien achalandé, Fabrice se désole. Voilà 40 ans qu’il travaille dans la restauration. Et aujourd’hui, il ne reconnaît plus sa ville. « Il y a quelques années, le boulevard était rempli de monde, les gens se baladaient pour faire les magasins. Aujourd’hui il n’y a plus personne. Cela fait 40 ans que je suis dans la restauration. A l’époque, parmi la clientèle, il y avait 80 % d’Anglais, maintenant il y a 90 % de Français », constate-t-il.

Pour Frédéric Van Ganbeke, qui tient la boulangerie Le Coin du pain, le malaise est plus profond. « La situation économique à Calais est compliquée. On n’a plus beaucoup de migrants, certes, mais on paie la double peine : d’un côté, les Anglais ne sont pas revenus parce qu’il y a toujours une méfiance, les Belges et les Allemands non plus ; de l’autre, on n’a plus non plus la manne que pouvaient représenter les journalistes, tous les gens qui travaillent autour, regrette-t-il. Aujourd’hui c’est compliqué, mais on va dans le bon sens parce que de toute façon, on ne pouvait pas supporter cette charge migratoire sur Calais. »

La présence des migrants dans le centre-ville est pourtant fantomatique, tant la présence policière, elle, est renforcée.

→ Écouter sur RFI : Le point sur la situation à Calais

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