Avec notre envoyé spécial à Dijon, Raphaël Reynes
Pas de journalistes ni de public dans la salle d’audience. A la demande du parquet et de l’avocat des parties civiles, les débats se sont tenus à huis clos, ce mardi, à Dijon. Pour le procureur comme pour maître Thierry Moser, il s’agit de protéger l’enquête et de libérer la parole d’éventuels témoins.
Et l’avocat des parents du petit Grégory l’affirme : il existe dans le dossier « des éléments sérieux, consistants, précis et concordants » qui permettent d’incriminer les époux Jacob.
Faux, rétorquent les avocats des deux septuagénaires. Pour maîtres Giuranna et Lagardette, le dossier est totalement vide à l’exception d’une analyse en écriture qui pourrait attribuer à Jacqueline Jacob le rôle du « corbeau » auteur de plusieurs lettres de menaces contre les parents Villemin.
Les avocats de la défense se réjouissent de la remise en liberté sous contrôle judiciaire de leurs clients, preuve, selon eux, de l’absence de charge contre Jacqueline et Marcel Jacob.
Protection de l’enquête, respect du secret de l’instruction : près d’une semaine après la relance de l’affaire, impossible de savoir ce que contient vraiment le dossier criminel.
« La chambre de l'instruction [de la cour d'appel de Dijon, NDLR] a entendu nos arguments sur la faiblesse des charges, quand je dis la faiblesse je pourrais dire l'inexistence des charges qui pesaient sur les époux Jacob », a déclaré au sortir du palais de justice, Me Stéphane Giuranna, qui défend Marcel Jacob, 72 ans.
Cette décision, d'application immédiate, constitue un sérieux revers pour les enquêteurs et le parquet général qui avait requis le maintien en détention. « C'est une défaite aujourd'hui pour le procureur général et pour la partie civile que je suis », a reconnu Me Thierry Moser, l'avocat des époux Villemin, parents de l'enfant retrouvé mort dans la Vologne le 16 octobre 1984.
Les deux époux Jacob, grand-oncle et grand tante de Grégory, ne retourneront pas chez eux dans les Vosges mais vivront séparément à des adresses tenues secrètes dans le cadre de leur contrôle judiciaire, « sévère » mais « extrêmement provisoire », selon Me Giuranna. « Aujourd'hui, ils recouvrent la liberté, il sont fous de joie, ils vous [les médias, NDLR] demandent simplement de préserver leur contrôle judiciaire et leur intimité », a-t-il dit.
Le couple, qui devra pointer régulièrement dans un commissariat également tenu secret, sera à nouveau convoqué par la juge d'instruction « pour être entendu sur le fond » de l'affaire. « Ils feront leurs déclarations, et l'un et l'autre, et dès après nous demanderons une modification du contrôle judiciaire pour que ce couple puisse se retrouver », a anticipé Me Giuranna, satisfait de pouvoir désormais « préparer une défense et travailler sereinement ».
RFI